23/04/2010

L’Arcade et le désir : se faire page vierge

Nous sommes un petit groupe à monter sur la scène du Mail. Devant nous les fauteuils, même vides, créent une tension. La chorégraphe Rachel Mateis et la comédienne Anne de Rocquigny animeront cet atelier sur « Le corps et la langue du désir ». C’est une des retombées du spectacle de la compagnie l’Arcade à présent en préparation (voir Une imagination commune du 14 avril).
Apprendrons-nous des envolées lyriques, à jouer du Marivaux ? Ce serait peu compatible avec l’approche très physique des acteurs de l’Arcade. Ce travail sur le désir – désirer, être désiré – commence par un long échauffement qui éveille des tendons longtemps au repos. L’objectif n’est pas gymnastique mais, explique la chorégraphe, de créer « une page vierge » disponible pour la scène.
Nous nous aventurons ensuite dans l’improvisation. Aux hommes, aux femmes, elles proposent de montrer notre masculinité, notre féminité, en grossissant le trait. Oser se montrer, s’exhiber, révéler une parcelle de sa vérité : le trac s’annonce. Mais le théâtre nous protège car nous « jouons », c’est tout.
Une hilarité tonique s’ajoute au trac. La confiance grandissant, chacun se pousse aux extrêmes. Vers quels avatars me suis-je dirigé ? Un chasseur pieux mais lubrique dans la forêt médiévale, le barman amoureux de son ancienne copine devenue pute, un personnage enfermé dans un tableau et libéré – c’est normal – par un baiser.
Le réel impact d’une telle expérience se mesure le lendemain, par ce léger déplacement de mon regard sur le monde, sur moi-même.
L’Union







L’hilarité pointe : Anne de Rocquigny, entourée de Dominique, de Jean-Louis et de Sophie-Isabelle, dans le foyer des artistes du Mail.

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