La compagnie qui jouait « Monsieur de Pourceaugnac »
de Molière au Mail ne voulait que 150 jeunes spectateurs dans la salle, pour
éviter des « débordements ». 300 ont été enfin admis, dont toutes les 6èmes du
collège Saint-Just. Ils ont réagi avec un entrain jamais chahuteur.
La pièce raconte les malheurs d’un
Limousin entre les mains de Parisiens qui cherchent, non seulement à le faire
repartir, mais à le tourmenter. Le metteur en scène Isabelle Starkier a donné
le rôle à un acteur noir. Cela génère un malaise mordant. Quand deux Suisses
veulent le pendre, en espérant « le voir gambiller les pieds en haut », les
lynchages aux USA ne peuvent que venir à l’esprit.
Sa mise en scène tend à reléguer le
texte de Molière derrière une effervescence insistante, qui a fait bien rire
les jeunes spectateurs, mais même devant les scènes de cruauté, dont un viol.
En revanche, les comédiens, en répondant
à une multitude de questions après la représentation, ont fourni une belle
leçon de théâtre. Ils ont insisté sur la nécessité de distinguer entre un
personnage et la personne qui le joue. Daniel Jean, dans le rôle de
Pourceaugnac, ne se sentait-il pas ridicule en slip devant tout le monde ? « Pas du tout, je suis acteur, je faisais
mon métier. Ce n’est pas moi qui suis humilié, c’est lui. » Les élèves ont
appris ainsi la « distanciation » qui fait la différence entre le théâtre et
les amalgames de la téléréalité.
L’Union
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