Au début, au son des mouettes et du clapotis des vagues,
un vieil homme seul sur scène se prépare et mange un plat de pâtes. A la fin, il
est à nouveau seul devant les vagues qui clapotent. Entre ces deux solitudes,
le metteur en scène Irina Brook prend des libertés énormes avec « La
tempête » de Shakespeare. Le magicien Prospéro, exilé sur l’île où il
élève seul sa fille, devient l’ex-roi de la pizza évincé par un concurrent. De
ses deux esclaves, l’esprit Ariel est transformé en sautillant serveur, et le
monstre Caliban en chien domestique, couchant sous une table et méditant sa
vengeance. Un naufrage jette le vieil ennemi et son fils sur l’île. Les deux
jeunes tombent amoureux.
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Ariel (Scott Koehler) s’affaire dans la cuisine de Prospéro.
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La démarche mène à un délire d’exploits comiques et
burlesques en musique, émergeant, dit-on, de longues séances d’improvisation.
Ariel joue une scène à l’envers ; le jeune premier, sommé de préparer des spaghettis,
fait un tour de jonglage avec les ustensiles et ingrédients pour sortir une
assiette savoureuse.
La poésie shakespearienne est plutôt malmenée, même si
Caliban prononce bien les vers célèbres sur la nature magique du lieu : « L’île est pleine de sons… ».
A la fin, le mage renonce à ses pouvoirs et à sa
revanche, comme Caliban à sa sienne. Le mage et le monstre renaissent simples humains
par ce pardon.
Vincent Dussart de l’Arcade a animé une rencontre avec
les acteurs après le spectacle, une occasion pour tous de réfléchir sur la magie
du théâtre.
L’Union
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