« Where are you
from ? » Les Américains
échangent la question « D’où venez-vous ? », presque comme
en France on dit « Ca va ? ». Elle reflète la réalité
d’une population non seulement mobile, mais surtout arrivée majoritairement d’ailleurs.
Chacun a son histoire, personnelle ou familiale, du voyage définitif des
immigrés.
Le
père d’Amy Fuks, par exemple, a quitté la Pologne à vingt ans, et a réussi à
devenir médecin oncologue réputé à New York. Pour beaucoup d’Américains, le
pays d’origine est drapé de nostalgie, mais son père ne regrette pas la
Pologne. « En tant que Juif » explique Amy « il souffrait
d’harcèlement, de discrimination. » Sa mère est née aux Etats-Unis,
mais dans une famille qui parlait encore le yiddish.
Grandissant
dans le Connecticut, « en fait la grande banlieue de New York, à
quarante minutes », Amy est allée à une école juive, mais a opté à
quatorze ans pour un lycée public. A huit ans déjà elle dessinait et peignait,
et elle a réussi à entrer dans la prisée « Rhode Island School of
Design », où elle sera en troisième année à la rentrée prochaine. L’école a
une antenne à Rome, et Amy vient d’y passer deux mois Elle entend devenir
illustratrice, mais aime peindre aussi, et elle écrit. « Cela demande
une concentration totale, alors que je peux peindre en écoutant la musique, en
parlant aux amis. » Elle le confirme en sortant ses effets de peinture
dans le jardin de ses amis.
Un
ami élevé près de Chacrise, et rencontré à New York, l’a fait venir en France. Ils
ont regardé Soissons du haut de la tour de la cathédrale, et Amy partage
l’admiration des étrangers pour l’édifice si épuré. Remplie de références par
ses études, elle a cru un moment que l’Annonciation de Rubens était du Caravage,
« un de mes favoris ». Amy a visité le fort de Condé, et y a
vu l’exposition de Marie Miranda (voir l’Union du 5 juillet). Son
opinion ? « Ces tableaux m’inspirent. » Ainsi elle réagit
plus en artiste qu’en critique, trouvant une démarche qui peut enrichir son
propre travail.
Par
rapport à l’Italie, elle trouve la France « calme, pas bruyante »,
les Français « plus réservés, polis ».
Amy Fuks avec un ami au fort de Condé. |
Amy
et sa sœur n’ont pas été élevées religieusement. Mais sa perspective a évolué
pendant ce voyage. « A Rome, nous visitions beaucoup d’églises avec
notre guide. Tous ces signes du christianisme m’ont paru si loin de moi que, du
coup, j’ai senti ma proximité au judaïsme. » Amy découvre que voyager fait
certes découvrir ce qui est loin, mais aussi reconnaître, sous de nouveaux
cieux, ce qui est profondément proche.
L’Union
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.