Liesbeth Catshoek à l'arboretum de Septmonts. |
On peut se promener dans
un bois sans rien identifier, comme dans une rue où on ne peut pas mettre un
nom sur des visages pourtant familiers. Si Liesbeth Catshoek vous accompagne,
elle fera les présentations, assurera votre intégration dans la communauté arboricole.
Elle regarde un « queue de renard », nom donné paresseusement à un
arbre de nos jardins à cause de ses grandes panicules rouges, et le prononce un
« rhus typhina », ou « sumac vinaigrier ».
Liesbeth
est née dans l’est des Pays Bas au Limbourg tout près de la frontière
allemande, jamais traversée car d’amers souvenirs de guerre étaient restés vifs.
Elle aurait pu être biologiste, mais son cursus scolaire, et ses convictions, l’ont amenée à devenir institutrice. « En
prenant « le Petit prince » dans les mains à vingt ans, j’ai appris
que c’est en donnant de la valeur à quelque chose ou à quelqu’un qu’il devient
unique pour toi, que tu assumes tes responsabilités à son égard ».
Sa
formation terminée, elle est devenue éducatrice pour les jeunes dans les centres
sociaux de Rotterdam. Ce n’est qu’après son mariage et avoir élevé trois filles
et un garçon qu’on lui a demandé de donner quelques cours dans l’école de son
fils Gino. Gêné de voir sa mère en classe ? « Pas du tout :
il m’appelait « maîtresse ».
Menacée
de disparition il a quelques années, son école a pris la décision de se
spécialiser, en se tournant au « Plan Dalton » élaboré par la
pédagogue américaine Helen Parkhurst. Il implique une organisation minutieuse
destinée à encourager trois qualités dans les élèves : la liberté (avec la
responsabilité qu’elle impose), l’indépendance, et le travail d’équipe. « Que
chaque enfant soit vu comme unique, qu’il se sente unique, et qu’il sente
chaque autre enfant comme unique » : Liesbeth voit ainsi
l’objectif fondamental de la démarche Dalton, et la réalisation de sa vision.
Liesbeth
et son mari Bart connaissent bien Soissons et ses environs, pour avoir souvent passé
des vacances chez une sœur qui habite la vallée de la Crise. Tant que leurs
enfants étaient assez jeunes pour y trouver une merveilleuse cour de récréation,
ils venaient en famille. Cette fois, en couple, ils ont pu suivre la route du
Champagne jusqu’à Reims. Ils ont aussi visité le fort de Condé nouvellement
aménagé. Là, après avoir parcouru les couloirs souterrains, Liesbeth a
découvert l’arboretum en cours d’implantation autour des douves. L’absence
d’étiquettes ne l’a pas déroutée : elle connaît les arbres comme de vieux
amis, leurs noms, leurs habitudes, leur préférences.
Il
était inévitable alors de se rendre à l’autre arboretum, celui qui fait un
dense rideau vert derrière le donjon de Septmonts. Là encore elle donne
l’impression d’arriver à une soirée où elle connaît chaque invité.
Liesbeth
Catshoek est sociable aussi avec les gens, le genre de femme dont l’assurance a
été longuement construite et nourrie par ses métiers, d’institutrice, de mère
et d’épouse, et par ses amours annexes, le jardinage, le tennis – et les
arbres.
L’Union
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