06/09/2007

Orchestre français des jeunes : les trois temps d’un concert


Un concert comme celui donné à la cathédrale de Soissons par les stagiaires de l’Orchestre français des jeunes est fait de trois temps. D’abord les préparatifs dans les coulisses, ensuite la musique, puis la détente.
Avant d’entrer en scène, plus de cent musiciens attendant dans la chapelle du Saint Sacrement y créaient un vacarme, chacun s’essayant aux phrasés, aux réglages de son instrument, dans une ambiance effervescente.
Ensuite, Jean-Claude Casadesus a dirigé deux œuvres familières. Olivier Patey était soliste du concerto pour clarinette de Mozart, jouant comme un athlète de haut niveau, par sa concentration, sa respiration, sa tension musculaire. L’enthousiasme du public commençait à se montrer.
La 1ère symphonie de Mahler est faite de moments sublimes avec des ruptures de ton, des surprises qui ont fait que les premiers critiques y voyaient une pièce « vulgaire et insensée ». De nos jours, le mystérieux début du troisième mouvement, « Frère Jacques » joué par un contrebassiste, illustre plutôt une telle éloquence narrative qu’il est facile de comprendre pourquoi de grands cinéastes ont mis sa musique derrière leurs images.
L’orchestre a été longuement salué par la foule qui remplissait la nef. Cet enthousiasme a-t-il été suscité par l’interprétation, par le choix du programme, ou par l’intensité de ces jeunes musiciens ? Il y a aussi le fait de voir jouer, d’entendre ce dont ne survivra que le souvenir, une fois la dernière note jouée.  Ecouter la musique enregistrée, c’est comme regarder les plans, des photos d’une maison, alors qu’un concert permet de se promener dans les pièces, sentir la vie qui y a lieu, ses bonheurs, ses tristesses, ses aspirations et, pour Mahler, la mort qui ricane en attendant. Tout est visible, physique : la danse des doigts du clarinettiste émeut autant que la partition qu’il joue.
L’Adama, organisatrice, a donné une réception à l’abbaye Saint Léger après le concert.  Rieurs, détendus, contents d’eux et de la réaction de leur public, les musiciens se sont montrés assez jeunes pour s’agglutiner gourmands autour du buffet, et descendre les verres de champagne. La discipline musicale cédait la place à la jubilation. « La cathédrale est un lieu merveilleux » disait Oriane Carcy, premier violon, « la musique monte toute seule ! » Ce troisième acte joué, ils sont partis en car, laissant derrière eux le sentiment d’un grand moment de musique.
L’Union

Giacomo Vai, stagiaire venu de la
Toscane, se prépare dans les coulisses.

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