24/09/2007

France-Irlande sur grand écran : envoyé spécial


Il y a des reportages sans danger autre que de mal orthographier les noms propres. D’autres sont plus périlleux. S’infiltrer parmi trois cents supporters du XV de France, en souhaitant la victoire de l’équipe en face, par exemple ?
Quel est l’intérêt du grand écran ? A dix mètres de distance, la chevelure de Chabal n’est pas plus longue que sur un poste en face d’un canapé, chips et bière à côté. Mais la foule vous entoure, avec ses cris, ses drapeaux, ses gestes, ses décalcomanies tricolores, l’émotion qui la secoue. L’intime et le collectif fusent.
Francis Duhamel, responsable de la soirée organisée par la Société Générale, offre un tablier vert en souvenir. « Vaut mieux ne pas le mettre » dit-il prudent. Il ignore la trempe des correspondants de l’Union (voir photo) ! Imaginez un supporter de l’OM dans une foule pro-PSG au Parc des Princes. Au lieu de faire un reportage, il risquerait de faire les gros titres des faits divers. Le rugby est différent. Dans un autre sport, les bagarres sur le terrain finiraient sur Youtube, mais ici elles font partie d’un jeu aux règles complexes. Les contacts musclés sont mâles et forts mais respectueux, et le public reflète cette éthique. Gagner, ça compte, mais il apprécie le jeu des deux équipes.
Ils ont même applaudi le chant irlandais avant la rencontre. Impossible de ne pas avoir la gorge serrée lorsque les Irlandais du terrain et des tribunes chantent les « quatre fières provinces d’Irlande », clamant ainsi l’unité sportive d’une île fracturée par l’histoire entre les trois provinces de la République et celle du Nord.
25-3. Le pays où vit votre envoyé spécial gagne sur le pays de ses racines, pourquoi pas ? Seulement, devant la défense française infranchissable, comment ne pas brûler de revoir Jack Kyle, demi d’ouverture à la grande époque du rugby irlandais, oiseau survolant les flots pour marquer son essai ? La discrétion quand même. Quelle réaction si, excédé par la grâce de Vincent Clerc, j’avais hurlé « Va, bande de mangeurs de grenouilles ! Vous et les maudits Anglais, vous avez brûlé Jeanne d’Arc ! »
Votre intrépide reporter est rentré de cette mission sain, sauf, rassuré, ému. Alors, à quand la prochaine enquête sur le grand banditisme au pays de Soissons ? Attention : ai-je bien épelé les noms ?
L’Union

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