15/02/2012

Semaine de création théâtrale : Scapin monté sur ressorts


Scapin (à g.) et Sylvestre menacent le vieil Argante.
Le mur derrière une haute estrade qui traverse le plateau contient trois portes et deux fenêtres à volets. C’est ce dispositif scénique, bien plus qu’un simple décor, qui va caractériser la mise en scène de Patrick Wessel des « Fourberies de Scapin » par la compagnie Musithéa. Il y a des marches, mais les personnages tendent plutôt à sauter ou grimper ; ils se retirent ou se sauvent par les portes et fenêtres, en émergent ou surgissent. C’est à faire penser à Feydeau !
La production est donc physique à l’extrême. Comme il se doit, c’est le valet Scapin qui dépasse tous les autres en agilité de corps comme d’esprit. Le rôle est manié brillamment par Eric Tinot (déjà vu portant un masque dans « Le jeu de l’amour et du hasard » par Pass’ à l’acte).
Cette approche acrobatique allège et clarifie la prose par laquelle Molière raconte l’intrigue : deux jeunes hommes contractent des mésalliances, reprouvées par leurs pères, mais l’intelligence, la malice, l’imagination et l’ingéniosité – en un mot les « fourberies » – de Scapin arrangent tout.
Patrick Wessel, une présence redoutable.
L’action a lieu, non plus à Naples mais en Espagne, peut-être pour justifier l’exacerbation des passions et comportements. Patrick Wessel donne une présence théâtralement redoutable au père Géronte. Les deux valets sont habillés en pêcheurs, comme pour s’amuser de ceux qui restent englués dans la terre.
Le souhait final de Scapin « qu’on me porte au bout de la table, en attendant que je meure » prend tout son poids ironique, excessif et narquois après cette célébration de la vitalité humaine.
L’Union

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