09/03/2012

Gaspard Proust : le philosophe du « Pffff ! »


Gaspard Proust entre en scène avec une désinvolture colossale et désopilante. Il est dépité de devoir y rester le temps du spectacle – et vérifie son écoulement sur son portable. Il se résigne à illustrer sa philosophie de vie, qui peut se résumer ainsi : « Pfffff ! ». Handicapés, végétariens, même le mari ayant amené sa femme pour la faire rire par comique interposé : personne n’est à l’abri de sa vision désabusée. Il la présente avec un vocabulaire cru, mais dans un langage infailliblement stylé.
L'humoriste photographié dans sa loge.
Il nous rassure : son spectacle est parisien, mais il ira doucement pour nous autres provinciaux. Il imite traitreusement les artistes parisiens qui, ayant traversé Soissons depuis le rond-point de l’Archer ou la gare et jusqu’au Mail, font l’éloge de sa beauté, sa culture, son dynamisme : Pour Proust « C’est une ville qui bouge – à condition de secouer vite la tête. »
Il n’est pas de ces humoristes qui établissent une complicité avec le public, telle Florence Foresti faisant passer des énormités en les ponctuant d’un sourire en coin. Lui n’amortit pas les siennes. Ses saillies sont assassines, et il se désole que nous en riions.
    Il déplore le déclin de l’éducation : « Les esclaves romains parlaient le latin ; quelle femme de ménage aujourd’hui parle le grec ? Ca arrivera peut-être… ». Il attend avec dédain que nous rattrapions le sens de son propos.
Pour la politique, il tape à droite, à gauche puis au vert (« Eva Joly, entre Fifi Brindacier et Josef Staline »), en se moquant chaque fois de ceux dans la salle qui l’imagineraient ainsi acquis ou traître à leur cause.
    Gaspard Proust – « le seul Suisse à payer ses impôts en France » - garde ses distances comiques jusqu’à la fin, même pour saluer la salle en liesse.
L'Union

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