Gaspard
Proust entre en scène avec une désinvolture colossale et désopilante. Il est
dépité de devoir y rester le temps du spectacle – et vérifie son écoulement sur
son portable. Il se résigne à illustrer sa philosophie de vie, qui peut se
résumer ainsi : « Pfffff ! ». Handicapés, végétariens, même
le mari ayant amené sa femme pour la faire rire par comique interposé :
personne n’est à l’abri de sa vision désabusée. Il la présente avec un
vocabulaire cru, mais dans un langage infailliblement stylé.
L'humoriste photographié dans sa loge. |
Il
nous rassure : son spectacle est parisien, mais il ira doucement pour nous
autres provinciaux. Il imite traitreusement les artistes parisiens qui, ayant
traversé Soissons depuis le rond-point de l’Archer ou la gare et jusqu’au Mail,
font l’éloge de sa beauté, sa culture, son dynamisme : Pour Proust « C’est une ville qui bouge – à
condition de secouer vite la tête. »
Il
n’est pas de ces humoristes qui établissent une complicité avec le public,
telle Florence Foresti faisant passer des énormités en les ponctuant d’un
sourire en coin. Lui n’amortit pas les siennes. Ses saillies sont assassines,
et il se désole que nous en riions.
Il déplore le déclin de
l’éducation : « Les esclaves
romains parlaient le latin ; quelle femme de ménage aujourd’hui parle le
grec ? Ca arrivera peut-être… ». Il attend avec dédain que nous rattrapions
le sens de son propos.
Pour la politique, il tape à
droite, à gauche puis au vert (« Eva
Joly, entre Fifi Brindacier et Josef Staline »), en se moquant chaque
fois de ceux dans la salle qui l’imagineraient ainsi acquis ou traître à leur
cause.
Gaspard Proust – « le seul Suisse à payer ses impôts en
France » - garde ses distances comiques jusqu’à la fin, même pour
saluer la salle en liesse.
L'Union
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