26/03/2012

Les doigts de la main


Lentement, la lumière découvre le marionnettiste chinois Yeung Faï, assis en tailleur, en train d’étirer ses doigts, comme un athlète à l’échauffement. Il se gante d’une première marionnette et une deuxième, et la nécessité d’une grande agilité devient évident. C’est la tradition de la « gaine chinoise » : l’index dans la tête, le pouce et le majeur pour les bras, les autres doigts étant repliés et les pieds se trouvant au niveau du poignet.
    « Hand stories » a un aspect rituel : l’assistant, Yoann Pencolé, apporte une lampe au maître, présente les marionnettes, et elles commencent à raconter l’histoire des Yeung, marionnettistes depuis cinq générations. Le récit impressionniste touche à la révolution Culturelle – sous forme d’un grand dragon qui se tortille jusqu’à impressionner le jeune public – , le massacre de Tianmen, le départ pour l’Amérique, la brouille avec un grand frère.
    Comme toujours, ce qui rend ces bouts de tissu et de bois attachants n’est pas leur dextérité, mais leur éloquence. Ils se font la cour, se battent, se déchirent, volètent – et font rire et émeuvent.
    Derrière ce récit autobiographique se dit une autre histoire. L’assistant, grand en taille mais petit en importance par ses tâches subalternes du début, se met à manipuler des marionnettes, et finit dans l’attitude de départ du maître, qui dépose devant lui la lampe de la tradition à transmettre. C’est une réalité : Faï et Yoann enseignent la gaine chinoise, nouvelle matière, à l’école de Charleville-Mézières.
L'Union

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