Lentement, la lumière découvre le
marionnettiste chinois Yeung Faï, assis en tailleur, en train d’étirer ses
doigts, comme un athlète à l’échauffement. Il se gante d’une première marionnette
et une deuxième, et la nécessité d’une grande agilité devient évident. C’est la
tradition de la « gaine chinoise » : l’index dans la tête, le
pouce et le majeur pour les bras, les autres doigts étant repliés et les pieds
se trouvant au niveau du poignet.
« Hand stories » a un aspect rituel : l’assistant,
Yoann Pencolé, apporte une lampe au maître, présente les marionnettes, et elles
commencent à raconter l’histoire des Yeung, marionnettistes depuis cinq
générations. Le récit impressionniste touche à la révolution Culturelle – sous
forme d’un grand dragon qui se tortille jusqu’à impressionner le jeune public –
, le massacre de Tianmen, le départ pour l’Amérique, la brouille avec un grand
frère.
Comme toujours, ce qui rend ces bouts de tissu et de bois
attachants n’est pas leur dextérité, mais leur éloquence. Ils se font la cour,
se battent, se déchirent, volètent – et font rire et émeuvent.
Derrière ce récit autobiographique se dit une autre histoire.
L’assistant, grand en taille mais petit en importance par ses tâches
subalternes du début, se met à manipuler des marionnettes, et finit dans l’attitude
de départ du maître, qui dépose devant lui la lampe de la tradition à
transmettre. C’est une réalité : Faï et Yoann enseignent la gaine
chinoise, nouvelle matière, à l’école de Charleville-Mézières.
L'Union
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