22/03/2012

Molière dans son jus


Soissons n’a pas manqué de productions récentes de Molière. En mars 2011 la maltraitance de « Monsieur de Pourceaugnac » distillait un malaise, car le rôle était joué par un acteur noir. Il y a un mois à peine, la compagnie Musithéa a donné une version très athlétique des « Fourberies de Scapin ».
Jean-Denis Monory, venu de la Touraine, essaie tout autre chose avec sa mise en scène des « Femmes savantes ». Son « théâtre baroque » tente de restituer Molière tel qu’il a été joué à ses origines, devant la cour. Ainsi, les comédiens, au visage blanchi, déclament les vers avec la prononciation ancienne, et les accompagnent d’un langage gestuel hautement élaboré. Ils restent de face, car on ne pouvait pas tourner le dos au Roi, et leur jeu n’est éclairé que par des bougies le long de la rampe, créant une luminosité plus qu’une lumière.
L’effet d’authenticité est saisissant. Mais le public, en grande partie lycéen, allait-il se lasser de ce qui pouvait paraître un exercice de style ? Cette histoire de faux savant, mettant sous sa croupe trois femmes folles de philosophie et science, au risque de gâcher les amours d’Henriette, seule à ne pas tomber dans le piège, retiendrait-elle l’attention des spectateurs ?
    Cela a marché, car les comédiens ont réussi à tourner tous ces artifices à leur avantage, pour faire ressortir l’humour satirique de la pièce. Le silence dans la salle n’a été interrompu que par des rires. Ce spectacle confirme que le théâtre n’a pas à être naturaliste pour tenir le public : ces « Femmes savantes » sont, autant qu’une reconstitution d’un passé théâtral, du théâtre résolument contemporain.
L'Union

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