Soissons n’a pas manqué de
productions récentes de Molière. En mars 2011 la maltraitance de « Monsieur
de Pourceaugnac » distillait un malaise, car le rôle était joué par un
acteur noir. Il y a un mois à peine, la compagnie Musithéa a donné une version
très athlétique des « Fourberies de Scapin ».
Jean-Denis Monory, venu de la
Touraine, essaie tout autre chose avec sa mise en scène des « Femmes
savantes ». Son « théâtre baroque » tente de restituer Molière
tel qu’il a été joué à ses origines, devant la cour. Ainsi, les comédiens, au
visage blanchi, déclament les vers avec la prononciation ancienne, et les
accompagnent d’un langage gestuel hautement élaboré. Ils restent de face, car
on ne pouvait pas tourner le dos au Roi, et leur jeu n’est éclairé que par des
bougies le long de la rampe, créant une luminosité plus qu’une lumière.
L’effet d’authenticité est saisissant. Mais le public, en
grande partie lycéen, allait-il se lasser de ce qui pouvait paraître un
exercice de style ? Cette histoire de faux savant, mettant sous sa croupe
trois femmes folles de philosophie et science, au risque de gâcher les amours
d’Henriette, seule à ne pas tomber dans le piège, retiendrait-elle l’attention
des spectateurs ?
Cela a marché, car les comédiens ont réussi à tourner tous
ces artifices à leur avantage, pour faire ressortir l’humour satirique de la
pièce. Le silence dans la salle n’a été interrompu que par des rires. Ce
spectacle confirme que le théâtre n’a pas à être naturaliste pour tenir le
public : ces « Femmes savantes » sont, autant qu’une
reconstitution d’un passé théâtral, du théâtre résolument contemporain.
L'Union
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.