Elle est outrancière et
provocatrice. Adolescente vêtue de noir gothique, en mini-jupe et bottes, criant
dans le micro qu’elle tient, elle court, saute, enjambe, fulmine. Et elle
n’existe pas.
Dans la pièce « Tapage dans la prison d’une reine
obscure », une mère dévorante vit avec la fille qu’elle dévore. Toutes
deux, Lola et Reine, se figent dans la relation abusive. La mère cajole et humilie
tour à tour, craint l’abandon, condamne toute initiative prise par sa fille. La
fille, écrasée, ne se débat guère. La situation est bloquée, et pourrait le
rester, empêchant tout mouvement dramatique. Mais l’Autre, la face cachée de la
soumise Reine, excessive par opposition à sa passivité, pousse à la révolte,
harcèle, cogne même.
Reine tombe enceinte. Lola exige un avortement. Une lettre
retrouvée fait des révélations, puis prolifère en feuilles de papier et envahit
le plateau. La fille et son alter ego, l’une ragaillardie, l’autre adoucie, se
rejoignent dans un tapage qui rompt le silence mortifère, en accrochant des
guirlandes de papier, et en submergeant la mère sous une cape de lettres.
La pièce de Mariane Oestreicher-Jourdain, mise en scène par
Didier Perrier, est la seconde d’un triptyque sur la famille. Dans la première,
« Sam et la valise au sourire bleu », venue au Mail en 2011, un
enfant suicidaire était ramené à la vie par sa valise parlante – qu’incarnait
Delphine Paillard, l’adolescente de « Tapage ».
L'Union
L’Adolescente entre la Fille
et la
Mère : Delphine Paillard avec
Dominique Bouché et Renata Scant.
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