21/05/2012

Allons à Terves (Deux-Sèvres) !


Jérôme Rouger devient un vieux du village.
Jérôme Rouger, racontant son village de Terves, s’arrête par moments, regarde longuement le public avec un air dubitatif, comme pour se dire « Ce spectacle était peut-être une mauvaise idée. » C’est le charme et la force du récit : loin d’asséner ses souvenirs en vieux routier du comique, il cultive une démarche hésitante, qui fait des spectateurs des alliés.
    La forme vient du livre « Je me souviens » de Georges Perec, dont c’est le trentenaire de la mort – « moins quatre ans » admet l’artiste. En une foule de petites phrases il fait revivre Terves et ses habitants. Le village est dans les Deux-Sèvres : « C’est quoi, ça ? » demandent beaucoup. Il campe les villageois avec un talent d’imitateur, parle des deux cafés, l’un douteux, l’autre tenu par deux vieilles sœurs : « Alors, disait-on, on va au fumier ou aux deux vierges ? »
    Il en vient aux premiers émois : « Embrasser une fille sur la bouche, et avec la langue » ; le scepticisme envers son choix de carrière : « Le théâtre ? Ca marche ? » ; le refus de sa mère à donner un prénom dont il a besoin : « Et je n’irai pas à ton spectacle ! »
    Ses souvenirs sont accompagnés par la projection d’images qui ajoutent de la dérision au texte. En bannissant toute tendresse avérée, Jérôme Rouger ne rend que plus attachant le monde qu’il raconte. Allons un jour à Terves !
L’Union

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