La comédienne me regarde dans les
yeux, moi parmi les spectateurs, et dit « Tu
es tellement beau. Je te désire. » Elle arque le dos. L’acteur me touche
le bras, pose sa tête contre ma jambe. C’est « Corpus eroticus »,
conçu et mis en scène par Virginie Deville. Dans une alcôve, une femme nue dans
une baignoire, sous une mousse de billes de polystyrène, dit ses désirs. Dans
une autre, hermétiquement noire, un homme aux yeux bandés dit ses conquêtes.
Les textes lumineux de Marie Nimier et Camille Laurens, joués
par Anne de Rocquigny et Fosco Perinti, traitent des instincts et comportement
érotiques. Que l’érotisme de chaque spectateur soit éveillé ou non est une question
personnelle. Pour tous, le spectacle gomme la frontière entre celui qui joue et
celui qui regarde. En touchant à l’intimité que je garde pour moi au théâtre fait-il
de moi un voyeur ? Alors ne le suis-je pas toujours, plus au moins, en étant spectateur ?
L’Union
Fosco Perinti à l’entrée de son
alcôve, après le spectacle.
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