21/09/2012

Christian Jaccard : Si tout prend feu

Dans le texte du catalogue de l’exposition de Christian Jaccard, « Energies dissipées », Dominique Château suppose « qu’on se concentre volontairement sur l’objet, et qu’on s’abandonne à l’effet qu’il produit sur nous ». C’est une approche à adopter envers cet artiste.
    Le premier objet que voit le visiteur au premier étage de l’Arsenal est un grand récif de corail blanc au milieu de la salle. Vu de plus près, c’est un assemblage de nœuds qui forment des cônes, des dômes et les ramifications qui les relient. Ce n’est ni la réalité ni une modélisation, c’est une œuvre d’art. Jaccard appelle le concept qu’il utilise « supranodal ». On rêve à la dissipation détonante d’énergie si tout se dénouait.
    Sur les murs il y a 250 tableaux, créés par la mise à feu d’une mèche sur un support. L’énergie dissipée par le feu laisse des traces de résine, de suie, de lignes d’arrêt de la brûlure. Ce sont des « tableaux de chevalet » par opposition à l’art « éphémère », comme dans la pièce au rez-de-chaussée, où il a utilisé la technique pour créer sur les murs un paysage de lignes de crête.
    La meilleure façon de visiter cette exposition serait en compagnie de Christian Jaccard, qui parle abondamment et avec subtilité de sa démarche. Sans ses explications, il reste au visiteur à regarder puis se laisser rêver. Quelle sensualité que de sentir la flamme qui avance, consume, comme une jouissance qui monte - avec toujours le risque que tout ne prenne feu, que la jouissance consume l’être !
L'Union

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