Piéger le regard

Patrick Buire devant un amoncellement
de fleurs qui lui a demandé un mois de travail.

La technique du collage consiste à prendre des images existantes, photographies ou objets photographiés, les désagréger et les réassembler pour créer une nouvelle image. Il faut de la modestie pour dépendre de l’inspiration des autres, et de l’audace pour en prendre possession et suivre sa propre inspiration.
    Pour la première fois la galerie du Mail accueille une exposition de collages. Patrick Buire, artiste de Cuisy-en-Almont, remplit les murs de ses images et leurs couleurs. Il y a des évocations fourmillantes d’une vie qu’il qualifie lui-même de « chaotique ». « J’étais jeune à l’époque des hippies. J’ai été enfant-fleur. » Ces œuvres évitent une composition sagement structurées, comme pour refléter les débordements de cette vie-là.
    D’autres emploient un processus qu’il a élaboré. Les images originelles sont découpées en fines bandes, puis assemblées par tissage, comme le siège d’une chaise cannée. Parfois il refait l’image d’origine, mais constamment interrompue par ces autres bandes qui la traversent. Parfois il produit une toute nouvelle image : regardée de près, la tête d’un vieil homme est formée d’un corps de femme, dont les jambes en bas de résille deviennent la barbe.
    Une exposition de collages est en fait double : les œuvres présentées par l’artiste s’accompagnent d’innombrables échos visuels des images détournées pour les faire. Elles piègent le regard. L’œil voit le sujet, puis se met à chercher de quoi il est fait.
L'Union