16/12/2013

La descente aux abîmes d’une femme

Emilie Incerti Formentini est la jeune femme au sourire défensif.
C’est le deuxième monologue féminin de la saison du Mail. Il y a eu « Molly Bloom », avec une actrice établie, Anouk Grinberg, dans le rôle de la femme frustrée et charnelle dont les réflexions terminent « Ulysse » de James Joyce. Dans « Rendez-vous gare de l’Est » de Guillaume Vincent, Emilie Incerti Formentini, aux débuts de sa carrière, vient d’interpréter Emilie, jeune femme à l’esprit chaotique. Molly évoluait sur la scène de la grande salle ; Emilie est restée assise sur une chaise dans la petite salle.
    Dès ses premiers mots, la comédienne a réussi a éclairer des phrases banales par l’exactitude de son jeu, sa voix qui traînait ou se précipitait, son regard franc ou fuyant, son sourire défensif. La descente vers les abîmes de la maniaco-dépression en a été rendue d’autant plus forte et poignante. Séjours à l’hôpital psychiatrique, relation aimante mais fragile avec son mari, perplexité quant à la maternité : chaque nuance est réussie.
    L’année dernière, Emilie Incerti Formentini avait joué dans « La nuit tombe » au Mail, pièce à sensation du même auteur Vincent. Cette fois, il a fait à partir d’entretiens un texte qui, dans cette interprétation, est un exemple lumineux du naturalisme au théâtre.
L'Union

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