24/03/2014

Music-hall : piétiner les codes du masculin

Jean-Luc Revol (à g.) et Denis d’Arcangelo.
Georges et Gaëtan sont « Les  2 G », vieux troupiers du music-hall campés par Denis d’Arcangelo et Jean-Luc Revol en queue-de-pie. Revenus de tout sauf de leurs manières extravagantes, désabusés de tout sauf du ravissement d’être devant un public, ils ont offert un pétillant « best of » d’adieu aux spectateurs de la petite salle du Mail.
      Chansons lestes, tours de magie, souvenirs bien trop intimes : une grivoiserie transgressive flotte comme un parfum ou claque comme une jarretière. Une représentation de Moïse traversant la mer Rouge est évoquée. Georges exulte : « J’étais la Mère rouge ! ». Un morpion savant funambule épate la salle – puis s’y sauve. G et G le localisent « avec plein de copains » chez un spectateur, qu’ils invitent à les rejoindre plus tard pour récupérer la vedette en vadrouille.
    Denis d’Arcangelo et Jean-Luc Revol amusent, s’amusent, mais ce ne sont pas que des amuseurs : par leur folles manières ils s’adonnent à un travail de sape du convenable, se prennent exprès les pieds dans la théorie des genres. Voilà le mâle qui piétine les codes du masculin, tourne ses gestes raides et dominateurs en pièce montée rococo. L'idée qu'un homme adoptant ces comportements singe ou ridiculise les femmes n'est pas juste : c'est une affaire entre hommes, périlleuse – et d’autant plus désopilante -– parce qu'elle fissure la façade du pouvoir de l'homme.
L'Union

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