24/05/2006

Dominique Beaugnon : une tête d’artiste sur les épaules


Le jour de ses cinq ans, Dominique Beaugnon trouve un piano entouré d’un gros ruban, cadeau de ses parents. Elle entre dans le monde de la musique pour ne plus en sortir.
    Dominique naît en Allemagne, pendant l’occupation alliée, et va à l’école en Afrique noire, à l’époque coloniale. « Mes parents étaient Lorrains, mais mon père était militaire. »
    Lorsque son père quitte l’armée, la famille s’installe à Soissons, où il prend en main une entreprise de transport. Dominique passe son bac au lycée Nerval, et part à Paris suivre une licence de musicologie. « Il fallait bien une qualification. » Elle devient professeur de piano au conservatoire, se marie, a deux enfants. Mais la vie changeante la ramène à Soissons, divorcée, donnant des leçons particulières de piano. En 1988, son nouveau compagnon Marc, professeur aux Cordeliers, lui propose d’y donner trois heures de cours de musique par semaine. Elle entre dans l’édifice de l’Education nationale, et bientôt a un poste, parfois deux sur deux collèges. « J’aime faire aimer la musique, mais c’était de plus en plus dur. » Elle prend une mauvaise porte pour en sortir, la maladie. Arrêtée un an par un cancer, elle reprend à La Providence, établissement privé à Laon.
    Depuis vingt ans, Dominique fait de la musique avec Daniel Douay, chanteur, compositeur, parolier – et comptable pendant les heures qui restent. Il avait décidé de montrer son travail a cette musicienne, mère du camarade de son fils. « J’avais l’impression d’aller voir Picasso. J’étais intimidé. » Loin du soufflet craint, c’est le début d’une collaboration. « Nos voix vont bien ensemble. » Les chansons écrites pour elle reflètent une attitude romantique à la vie. « J’en trouve souvent l’inspiration sous la douche. »
    Les projets de Dominique se bousculent sur son agenda et dans sa tête. Une comédie musicale écrite par Daniel est prévue cet été avec l’association Carnets de Voyage, et un spectacle de fin d’année scolaire, « L’île de la Providence ».
    « Avec une femme comme Dominique qui vit à cent à l’heure, il faut tenir le coup » admet Marc. Ils ne sont pas mariés. « Comme ça » dit-elle « je choisis chaque jour de rester. »
    La conversation a lieu sous une grande verrière pendant un orage, à côté de deux pianos. « Le piano à queue est le mien, le droit est pour mes élèves. » La pluie s’abat, et à chaque éclair Dominique se couvre le visage en attendant le coup de tonnerre qui suivra. Elle est placée entre Marc et Daniel, presque comme si elle ne saurait pas se mettre en valeur sans leur soutien. Une artiste ? Elle renie le terme. « Nous nous faisons plaisir en faisant plaisir, c’est tout. » Sa sensibilité est peut-être nécessaire pour une créative, mais assise sur une solide gestion de ses capacités. Dominique Beaugnon a la tête sur les épaules. Une tête d’artiste.
Carnets de Voyages Tél. 03 23 72 44 97
L’Union

1 commentaire:

  1. Bonjour
    Je découvre cet article sur votre blog que je trouve bien fait
    Je connais bien Dominique et Daniel (mon frère...)
    Amicalement
    Nicole Douay

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