Claude Richh dans les loges après le spectacle. |
L’âge peut apporter
l’apaisement. Il peut aussi apporter le tourment. Dans la pièce d’Antoine Rault
« Le caïman », un homme est envahi par le sentiment d’avoir été un
imposteur, sa foi marxiste minée par des doutes chrétiens. Sa femme, communiste
restée convaincue, loin de le rassurer, le défie, hurle, implore, au point
qu’il l’étrangle. L’auteur admet avoir suivi l’histoire de Louis Althusser,
professeur à l’Ecole Normale Supérieure, qui, dans un acte de folie, a tué sa
femme Hélène en 1980.
Claude
Rich joue l’homme. La salle du Mail paraît s’être remplie surtout pour le voir,
sa légendaire candeur, la grâce de son jeu. Il est le caïman. C’est le surnom
donné aux professeurs à l’ENS préparant les étudiants à l’agrégation. C’est
aussi un sanguinaire saurien. Claude Rich démontre, sans emphase, l’autorité de
l’un et la dangerosité de l’autre, le désespoir et la violence. Christiane
Cohendy est la femme qui l’exaspère jusqu’à en mourir.
Après le spectacle, un admirateur rappelle à Claude
Rich l’avoir vu, au début de sa carrière, jouer le garçon précoce dans
« Victor » de Roger Vitrac. Il s’en souvient, voit même un écho de la
vieille pièce surréaliste dans le drame du soir, « shakespearien, celui-ci ».
Fatigué après sa performance, et avant de repartir en voiture chez lui dans les
Yvelines, Claude Rich donne l’impression que l’ensemble des rôles qu’il a
joués, au théâtre et au cinéma forme une seule construction, chaque pierre
posée délicatement sur les précédentes pour faire une maison dans laquelle il
vit, acteur et homme. Nous avons pu lui rendre visite pour une soirée.
L'Union
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