20/06/2007

Lucette Vattepin : l’enracinement dans le terroir


Lucette Vattepin naît à Chacrise, mais le quitte toute petite pour Paris, lorsque son père, Louis Laviolette, obligé de changer de métier, y devient policier au début de la guerre. Elle n’est jamais revenue vivre dans la vallée de la Crise, mais a toujours voulu maintenir ses liens avec son pays de naissance, là où ses racines familiales sont plusieurs fois centenaires.
Pendant les sombres années, son père y vient régulièrement en vélo chercher des provisions pour sa famille. La guerre finit. « Nous passions toutes nos vacances à Chacrise » explique Lucette. Elle se marie à Paris et y travaille dans les assurances. En 1968, le service de l’Institut français du pétrole de son mari Guy est transféré – on dirait maintenant « délocalisé » – à Lyon, et ils s’y établissent. Leurs enfants y grandissent, puis s’installent encore plus au Sud. L’éloignement s’accroît, mais Lucette et Guy reviennent constamment dans sa vallée.
La mort de son père, retraité à Belleu, et de ses deux tantes, retraitées à Chacrise, les prive de repères familiaux, et aurait pu mettre fin aux retours. Mais les liens restent tout aussi puissants. Ce sera dorénavant l’hôtel, comme pour les touristes.
Le père de Lucette avait décidé un jour d’écrire ses souvenirs, depuis le moment où, à sept ans en 1917, il a vu arriver l’armée allemande à Chacrise (voir l’Union du 2 juin 07). Ce sens de l’importance du passé pour le présent est partagé par Lucette, et elle se met à étudier l’histoire de sa famille.
Les liens de famille ont toujours été consignés par les grands du monde, pour retracer la transmission des pouvoirs et des fortunes. Le nouveau désir plus général de savoir, non pas d’où mais de qui on vient, procède d’un sens accru de la personne, unique mais reliée par le sang et les relations d’amour à un éventail d’autres individus, toujours plus large dans les générations en amont et en aval.
Lucette est membre du Cercle généalogique à Soissons, et y a appris à faire des recherches, à remonter une histoire. Avec Guy, elle visite les mairies qui n’ont pas transmis leurs registres aux archives départementales. « Il y a aussi beaucoup à apprendre par les contrats de mariage. Avant, il y en avait toujours, même quand il y avait trois fois rien à noter. Puis il y a les notaires. Mais pour cela il faudrait rester ici des semaines. » Elle remonte jusqu’au 17e siècle, découvrant un enracinement remarquable dans les terroirs. « Une branche est restée à Droizy pendant deux cents ans. »
La recherche généalogique peut s’expliquer par le plaisir d’accumuler des données, le goût des mots croisés familiaux, la quête de fondements solides. Et pour Lucette Vattepin ? « C’est pour ne pas couper mes relations avec ici. » Un prétexte en or pour poursuivre ses retours vers la Crise.
L’Union

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