14/03/2008

Gérard Prétrot : aventurier de la Nouvelle France


Un jour dans la rue Saint Quentin à Soissons, Gérard Prétrot est salué par un inconnu, qui lève les bras et crie « Vive le Québec ! ». C’est un renom qu’il ne recherchait pas, en devenant président de l’association Aisne-Québec.
Son activité y est surtout de retrouver la trace des Picards partis coloniser ce qui s’appelait encore « la nouvelle France ». Chaque « pionnier » devient le personnage principal d’une aventure qu’il raconte avec entrain. La difficulté est de lui faire parler de lui-même.
Comment s’est-il engagé sur ce chemin ? « Un ami m’a parlé d’un certain Prestrot parti en 1653 pour Ville Marie – le nom de Montréal à l’époque – se demandant si nous étions de la même famille. » Il ne trouvé aucun lien de parenté, mais le démon de l’investigation l’a déjà saisi. Il remet en activité Aisne-Québec en 1996. Depuis, il cherche, se documente, pour retrouver ces Picards, et les « lieux de mémoire » d’où ils partaient.
L’activité associative n’est pas un passe-temps pour lui, ni pour sa femme, trésorière du Cercle généalogique. Son calendrier est chargé de déplacements à Paris. Presque chaque jour en fin d’après-midi ils sont dans le bureau de leur appartement au dessus de la place Dauphine, pour des heures de travail.
Gérard grandit avant la guerre près de Sissonne, où son père est menuisier-ébéniste, puis vient à Soissons dans une école professionnelle,
Il fait son service militaire à Dakar en 1952, y devient parachutiste – « Six sauts de jour, un de nuit » – et finit caporal. Il retourne à son métier de dessinateur technique, mais un jour de 1956 deux gendarmes l’attendent à l’usine. Il est rappelé en Algérie. On lui propose une promotion. « Je ne voulais pas, alors j’étais dégradé publiquement, pour « refus d’obéissance », et je suis redevenu simple 2e classe. »
Il rejoint la papeterie de la Rochette, et cette fois ne refuse pas l’avancement. Il y vit 1968. « Les manifestants à l’entrée me laissaient passer, contents que je m’occupe d’une extension de l’usine. » Il prend sa retraite en 1988.
Gérard se raconte avec un ton amusé et désinvolte. « J’aime être actif, c’est tout » dit-il, pour expliquer par exemple l’organisation d’un tournoi international de foot à Vénizel dans les années 80.
Son aventure actuelle est québécoise, mais elle se mène ici, loin de la belle province. Gérard Prétrot n’y est jamais allé.
L’Union

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