30/08/2008

La danse des hormones

Jamais peut-être sur la scène du centre culturel n'ont autant de torses été bombés, ni de reins cambrés, que par les danseurs et danseuses du spectacle « Tango-Flamenco », avec lequel la compagnie Talent Danza de Madrid a commencé une courte tournée en France.
Le jeune chorégraphe et premier danseur Antonio Najarro cherche son inspiration dans le flamenco pour la première partie, et dans le tango pour la deuxième. A la fin, la musique du grand compositeur argentin Astor Piazzolla se mêle aux attitudes et à la morgue du flamenco reprises par la troupe, une combinaison bizarre et vivifiante.
L’ensemble est spectaculaire d’éclat physique et d’esthétique, tout en restant au niveau du divertissement.
Pour ménager le budget des théâtres, les deux groupes de musiciens qui accompagnent habituellement les danseurs sur scène sont remplacés par une bande enregistrée, une option dont la rigidité exclut une interaction entre la danse et la musique.
Les talons hauts, des hommes comme des femmes, martèlent le plateau, comme s’ils sommaient l'attention de l'autre sexe, en criant « Regardez comme je plais ! » Il y a quelques semaines, cela a tambouriné autant pendant le spectacle « Shaylyn » venu de l’Irlande. Mais c'est différent. Le danseur irlandais veut aussi épater ses partenaires, mais sans arrière-pensée – au plus, comme chez les Bronzés, il y a espoir de « conclure » après le bal. Pour les Espagnols, la tension sexuelle est permanente, accaparante, la matière même de la danse. L’intensité hormonale est même inhabituelle pour un public du nord.
Antonio Najarro (à g.) avec deux danseurs après le spectacle
L’assurance affichée dans ce jeu ne flanche qu’une fois, lorsqu’une femme passe soudain de la séduction à l’expression de son désir. Ces messieurs se sauvent tous de l’autre côté de la scène, et esquissent même un tango entre couples d’hommes, avant de rejoindre les femmes.
C’est le seul moment de remise en question des conventions. Najarro et sa troupe possèdent toutes les ressources physiques et la verve qu’il leur faut pour aller plus loin. La théâtralité de ce premier spectacle empêche de creuser, d’épurer – et de danser – les enjeux humains derrière les apparences.
L’Union

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