22/10/2008

Martha Moore et le « happy end » musical

La porte d’une maison en briques au cœur de Soissons s'ouvre sur un grand espace blanc à peine meublé, un lieu pour une vie d’étudiant, ou pour quelqu'un qui prend un nouveau départ.
Martha Moore s'y installe, en effet, après avoir vécu longtemps à Dommiers. Musicienne, elle travaille surtout à Paris, notamment avec les renommés « Arts florissants », spécialisés dans la musique baroque. « J'ai toujours aimé cette musique. Elle est amène pour l’oreille. » Elle a des gestes de violoniste pour illustrer ses propos. « La musique romantique est si... lourde. »
Martha est née à Berkeley en Californie, dans une famille d'intellectuels libéraux, ce qui détermine son attitude, enfant, envers les turbulences étudiantes des années soixante.
Après avoir appris le piano, elle choisit le violon et à vingt ans, sur les conseils d’un professeur, part pour la Haye, haut lieu de la musique baroque. Elle y termine ses études, se marie avec un musicien néerlandais. Retourner en Californie ? Elle n’hésite pas : « J’aime l’Europe. »
Le travail à Paris explique le déménagement avec leur fille Anna en France, pas trop loin de la capitale. En 2006, après avoir pris conseil auprès des instances départementales de la musique, elle décide de créer une association, un ensemble qui s’appellera « La Tierce picarde ». « Les musiciens d’orchestre veulent toujours jouer la musique de chambre. »
Le terme « Tierce picarde » trouve son origine dans la musique ecclésiastique de la Picardie médiévale. Il désigne l’accord final majeur par lequel un compositeur comme Bach résout une composition écrite dans une clef mineure : « une sorte de « happy end », selon Martha.
Elle sort son violon pour la photo, un instrument flamand de la fin du 17e siècle. « Je l'ai trouvé à Amsterdam, après avoir cherché longtemps, chez tous les marchands. »
Martha Moore aborde une performance de façon directe, sociable - ce qui n’empêche pas à chaque fois le trac. A un récital à Droizy, elle annonce son programme comme si nous étions chez elle pour prendre un verre. Puis elle met son violon sous le menton, lève son archet, et les auditeurs plongent dans les délices sonores du la musique baroque. C'est la rigueur de cette musique, sa forme s'imposant sur son contenu, qui la rendent poignante : les mêmes notes et phrasés expriment l’exubérance et l’accablement de la vie, avec un lyrisme constamment contenu.
L’Union

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