17/12/2008

Thomas Dubois : la générosité efficace

Un entretien avec Thomas Dubois, dans son bureau à Recycl’Aisne, est une course aux obstacles. Non pas qu’il est rétif mais, pendant l’heure allouée, les interruptions n’arrêtent pas. On vient dire qu’un camion arrivera avec cinq au lieu de trois palettes ; l’installateur de chauffage demande un prolongateur. Une nouvelle recrue étudie ses dossiers à la même table. Il répond à tout, le ton ferme, parfois excédé. Pourtant il est en retraite, de santé fragile et bénévole. Qu’est-ce cela devait être quand il travaillait ?
L’association s’attaque à deux gaspillages. Les ordinateurs se démodent : le changement d’Windows XP à Vista rend obsolètes des réseaux entiers. D’autre part, les personnes handicapées peinent à rentrer dans le monde du travail. Thomas Dubois recrute ceux-ci pour recycler ceux-là.
Thomas a du mal à s’éloigner de ce quotidien pour parler de lui-même, d’une vie trop remplie d’événements, d’intérêts pour être détaillée ici.
Sportif, il volait en planeur encore adolescent. Plus tard il apprend à piloter, mais s’arrête quand un ami meurt dans un accident. Il devient pilote automobile, et court dans des rallyes partout. Comme dans sa carrière, il admet l’assurance qui lui a donnée son milieu social.
Il naît dans une famille de meuniers depuis six générations, près de Vendeuil. Après l’école il suit des études de meunier à Paris, interrompues par le service militaire. « Une année agréable sous terre, à la base aérienne de Taverny. »
Les études terminées, il rentre au moulin. Mais l’affaire familiale se désintègre et les « droits d’écrasement » sont vendus. Thomas se tourne vers la fabrication de semoule à partir de pâtes, mais l’activité ne résiste pas à la concurrence des gros.
Après deux ans sans travail, il devient commercial dans une entreprise de surgelés. Sa satisfaction est broyée lors de la reprise par une multinationale. Y travailler devient pénible.
Des accidents cardiaques – « Toujours en déplacement, je fumais, je buvais… » - le forcent à s’arrêter. Mais rester inactif est impensable. « Je disais à la Sécu que je finirais chez les fous à Prémontré. » Il rejoigne un organisme d’insertion et, en juin 2007, Recycl’Aisne s’ouvre.
Thomas Dubois mène son action en entrepreneur tenace. Son engagement associatif va avec un sens des affaires. La générosité doit être efficace.
L’entretien prend fin. « Ne parlez pas trop de moi » dit-il en partant.
L’Union

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