Le premier
atelier de la résidence de l’Arcade au théâtre du Mail plongeait ses
participants dans « l’état tragique ». Le dernier de la saison
actuelle vise la comédie, pour coïncider avec la pièce de Molière jouée
récemment à Soissons. Eve Rouvière, qui prépare par ailleurs la mise en scène
de « Tartuffe », a choisi celle-ci pour faire travailler ses
stagiaires.
Je sais déjà que ces ateliers ne visent pas à nous former en techniques
de scène, mais à transmettre une dynamique de théâtre qui nous rendrait aptes à
travailler avec un metteur en scène – ou simplement à être des spectateurs plus
sensibles.
Nous commençons par traverser et retraverser l’espace scénique en
faisant un geste, que nous élargissons jusqu’au paroxysme, puis ramenons par
étape à l’échelle du début. Cela apprend a dépouiller notre comportement du
quotidien qui le parasite, d’être nets, clairs, d’explorer nos énergies. « Faites ce que vous voulez, mais soyez
sincères » nous exhorte Eve Rouvière.
Nous travaillerons la scène de « Tartuffe » où Dorine, pressée
par son père d’épouser Tartuffe, se querelle avec son amant Valère. La première
sage lecture du texte est balayée par l’animatrice : « Vous êtes des adolescents, qui s’enflamment pour un rien, se crient
dessus, se quittent, puis se réconcilient aussitôt. » Nous essayons.
Nous devons lancer le texte l’un à la tête de l’autre, même l’improviser avec
nos propres mots, trouver les mouvements justes.
Enfin, comme c’est ce qui est derrière le texte qui compte au théâtre,
nous éliminons la parole, les gestes, les mimiques, pour jouer, dans
l’intensité, la situation entre ces deux jeunes gens. Ensemble, nous y mettons
un titre : « Je t’aime moi non plus. »
Comme à chaque fois en sortant d’un tel stage, je suis plus observateur
de l’humain, plus conscient de ma place dans le monde.
L’Union
Véronique et
Patrick, stagiaires, se fient à l’intensité du regard pour jouer.
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