La scène de
la grande salle du Mail offre une vision saisissante. Plus de cent participants
aux Rencontres départementales de théâtre (voir l’Union du 8 avril) sont assis
sur quatre rangs au fond du plateau, habillés d’un tee-shirt blanc et d’une curieuse
calotte noire, les unes rondes comme une orange, d’autres pointues comme un
chapeau de schtroumpf.
Après seulement trois jours de préparation ces collégiens et lycéens
axonais et belges, sous la direction de la compagnie « du zieu dans les
bleus », présentent des extraits de « Têtes rondes et têtes
pointues » de Bertolt Brecht.
Six ateliers ont travaillé chacun sur un extrait. La
« distanciation » brechtienne, qui creuse l’écart entre le jeu sur
scène et la réalité – au lieu de tenter de l’abolir, comme dans le théâtre
naturaliste, est brillamment illustrée. Chaque rôle est tenu par plusieurs
acteurs. La chorégraphie par laquelle les groupes prennent place puis font
place aux suivants fait plaisir à voir.
La pièce est féroce : pour asseoir son pouvoir et casser la lutte
sociale, un dictateur dresse les uns contre les autres selon la forme de leur
tête. Vue aujourd’hui, elle a aussi de surprenantes résonances, libyennes,
ivoiriennes et autres.
Les jeunes comédiens portent ces thèses avec cohérence, et ont une
forte présence devant un public nombreux. L’équipe professionnelle a réussi l’exploit
de faire d’eux, en si peu de temps, un ensemble théâtral.
L’Union
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