Les premiers moments du premier spectacle de « V.O. » sont une
belle leçon de théâtre. Trois spectateurs assis à côté de la scène, habillés de
façon quelconque, se lèvent, commencent à parler, accélèrent le débit, et nous
voilà lancés sur le virevoltant fil à retordre des « Langues
paternelles ». Le théâtre émerge, sans trois coups ni lever de rideau.
Qui est qui, dans cette histoire de mort d’un père vécue par un fils
lui-même père ? Les trois comédiens belges jouent avec les rôles comme on
joue avec des cartes, les déposant, les reprenant selon le jeu. Du coup, au
lieu de regarder les complications des relations père-fils, nous les vivons.
De gauche à droite Hervé Piron,
Vincent Sornaga et Renaud van Camp,
les pères et les fils.
L’éloquence fougueuse du texte ne rend que plus inextricable la
confusion des sentiments. Les ressentiments envers un père abusif et absent se
mêlent à la conscience qu’un fils, en devenant père, transmet à ses fils son
lot de souffrances.
La scénographie fait écho à l’histoire. Le plateau vide, d’un blanc
éclatant, est recouvert d’une énorme feuille de papier. Les comédiens y griffonnent
des mots, des signes. La surface se noircit de ces marques du passé, que
piétinent les personnages.
Un texte dense, trois acteurs aux talents contrastés, dans la salle en
rideaux noirs de Cuffies : « V.O. » à nouveau offre un banquet aux affamés du
théâtre.
L’Union
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