18/04/2012

Shakespeare au Mail : être ou ne pas être

Shakespeare était adepte du recyclage. Même ses grandes tragédies utilisent des intrigues existantes. Le thème de « La comédie des erreurs », des jumeaux identiques qui créent d’innombrables quiproquos par leur ressemblance, est tiré de deux pièces du romain Plaute. Antipholus avec son serviteur Dromio arrive à Ephèse à la recherche de son frère perdu Antipholus qui, lui, a un serviteur nommé… Dromio. En une journée ils sèment la confusion parmi ceux qui les voient séparément, et dans leur propre tête, avant de se retrouver tous les quatre dans les joies de la fraternité.
    Le metteur en scène anglais Dan Jemmett, connu pour son regard iconoclaste sur les œuvres de Shakespeare, situe l’action dans une fête de la bière de nos jours. Il réussit à répartir les multiples rôles de la pièce parmi cinq comédiens seulement, la compression la plus osée étant de faire jouer à deux acteurs, Daniel Ayala et Vincent Berger, les quatre jumeaux. Seuls la coiffure et des lunettes pour les maîtres, et un chapeau mou pour les serviteurs, les distinguent. Les autres rôles sont pris, à bras le corps, par deux femmes et un homme, presque sans déguisement, qui se succèdent, se remplacent, se croisent dans une succession éblouissante de numéros d’acteur.
    L’action est située dans une fête de la bière, trois WC portables au fond servant pour les entrées et les sorties. Une quantité impressionnante de bière rose (la gueuze ?) est ingurgitée. Evidemment, le riche texte passe trop rapidement dans cette production pétaradante pour être pleinement appréciée. Néanmoins, le seul jeu des acteurs illustre l’incertitude croissante cernée par Shakespeare dans les relations sociales de son époque, entre patrons et subordonnés, parents et enfants, maris et femmes, souverain et sujets.
L’Union



Antipholus et Dromio… ou Antipholus
et Dromio ? – c’est là la question.

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