02/07/2012

L'Arcade: rideau et bilan

A la fin de « La fausse suivante » de Marivaux, créée par la compagnie de l’Arcade au Mail (voir Marivaux ; le double scenario), les lumières ont baissé sur le corps inerte d’une femme, punie par un coup de pied à la tête pour avoir défié le monde masculin en se faisant passer pour un homme. C’est par ce geste brutal mais joué que le théâtre intensifie la vie, tout en mettant une saine distance entre ce que voit le spectateur et la réalité.
    Ces lumières s’éteignaient aussi sur la résidence soissonnaise de l’Arcade. Depuis trois ans la vie théâtrale de Soissons bourdonne de ses créations, reprises, répétitions publiques et ateliers de théâtre, de ses rencontres et « mises en bouche » autour de spectacles venus d’ailleurs. Avec son départ, le Mail reviendra à un programme d’importations.
    Parlant de l’expérience, Vincent Dussart, co-directeur avec Agnès Renaud, reconnaît avant tout que ce sont les moyens fournis par la Ville, le Département, la Région et la Direction Régional des Affaires Culturelles qui leur ont permis de fonder, élargir et approfondir les échanges avec le public.
    L’Arcade a tout fait pour écarter le rideau traditionnel entre scène et salle, entre comédiens et public. Un sommet de son action a été le projet « Ca va la famille ? », impliquant la population dans une large enquête et une animation culturelle, suivies par un spectacle émouvant et implacable sur la famille, auquel participaient des habitants.


La compagnie de l’Arcade : de gauche à droite Agnès Renaud et Vincent Dussart, metteurs en scène, Sophie Torresi, Virginie Deville et Anne de Rocquigy, comédiennes ; derrière, Marie Lerdu, chargée de communication.


    Pour Vincent Dussart, le théâtre est un lieu où, loin de se cacher dans les oripeaux d’un personnage, un comédien se laisse voir tel qu’il est. Le théâtre est un engagement de transparence, d’honnêteté : voilà la leçon de ses ateliers et cours, notamment pour les jeunes élèves du cours de théâtre Ardrame.
    Beaucoup dans la salle pour ce dernier spectacle étaient émus de les voir partir, ces comédiens devenus familiers, mais transformés chaque fois qu’ils montent sur scène.
    Comment réagissent-ils, eux les comédiens, à ce départ ? Le regret est clair, de quitter une ville qu’ils ont appris à aimer, et ses habitants. Surtout, ils regrettent d’abandonner des actions qui portaient déjà leurs fruits. Et pourtant… Au « bal baroque » qui a suivi « La fausse suivante », ce sont eux qui dansaient avec le plus de verve et de déchaînement. C’est comme si, après cette sédentarité, ils reprennent gaiement la route, saltimbanques en partance pour le premier lieu qui les accueillera le temps d’un spectacle.
L'Union

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