25/08/2012

Martine et Ali : voyager à l’envers

Martine Paraché et Ali Naïli avec leur
caniche, la pétilllante Meige.
D’habitude, l’acquisition d’un camping-car reflète un désir d’aller voir ailleurs, connaître d’autres paysages, ouvrir de nouveaux horizons. Pour Martine Paraché, c’est le contraire. Native de Crouy, installée dans les Hautes Alpes, elle s’en est équipée au printemps dernier pour pouvoir revenir régulièrement à Soissons. « Je suis Picarde, je le reste. J’en suis fière. » C’est déjà la seconde visite cette année. Avec son compagnon Ali Naïli, elle s’est installée au camping municipal.
    Avant de quitter la région, elle avait travaillé à Soissons comme auxiliaire de vie d’une dame âgée, puis comme sa gouvernante. En 2001, voyageant avec des amis, elle a trouvé un terrain à Superdévoluy, station alpine de sports d’hiver. « Je voulais une maison de vacances, mais en fait je ne suis plus repartie. J’ai fait construire un chalet, et j’ai vécu un an à l’hôtel en l’attendant. »
Elle admet avoir galéré pour le travail : « De petits boulots ici et là. Je n’étais pas du coin, et ça se sentait. » Elle trouve les contacts plus ouverts, plus chaleureux,  en Picardie.
    Comme Ali ne connaît guère le Soissonnais, ils ont fait toutes les visites touristiques, la cathédrale, Saint-Jean-des-Vignes… Pour Martine, tout lui rappelle sa jeunesse. Elle fait un geste vers le parc Saint-Crépin en face : « Je vois jouer les enfants avec des rubans, et me rappelle y avoir joué comme ça moi-même. »
    Au hasard de ses réminiscences, nous tombons sur un nom familier, et nous voilà lancés sur la ronde des connaissances communes. Ali écoute ce hors-sujet avec bienveillance.
    Il est né en Kabylie. En 1964 son père avait suivi son patron, parti avec les autres Pieds-noirs en 1962, et a fait venir sa famille. A quatorze ans Ali s’est alors retrouvé dans les Alpes. Il est retourné une fois en Algérie. « Il faut décider : j’ai voulu m’intégrer ici. » Electricien, il est à trois mois de la retraite, après quarante ans dans un hôtel de la station. Ce sera difficile, admet-il, de faire face au vide ainsi créé.
    Le couple est venu cette fois pour fêter les dix-huit ans d’une petite-fille – encore un signe que Martine voyage, non pas pour partir, mais pour revenir.
    Ne pense-t-elle jamais à rentrer vivre ici ? « Parfois. Oui, parfois, lorsque ça ne va pas fort. » Alors ? « Peut-être un jour… Je reste picarde. »
L’Union

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