10/08/2012

Un poète gallois et sa famille : au milieu des pavots

Osian Rowlands à côté de Meilir,
et Sioned entre Gwion et Lleucu.
Osian m’explique le « cynghanedd », le complexe ensemble de règles médiévales d’accent, allitération et rime de la poétique galloise, que respectent encore des poètes contemporains. Non, nous ne sommes pas dans une salle d’études linguistiques celtes, mais assis dans l’herbe à côté d’un chalet au camping de Berny-Rivière. Osian Rowlands, professeur des écoles au Pays de Galles, est en France pour la première fois, avec sa femme Sioned, leurs fils Gwyon et Meilir, et leur fille Lleulu.
    Nous nous entretenons en anglais, mais leur langue est le gallois, et ils le parlent entre eux pendant la conversation. Des langues celtes, le cornouaillais a disparu, le breton n’en est pas loin, l’irlandais est maintenu à coup de subsides, et le gaélique écossais vit petitement ; mais le gallois est florissant, seul à rester première langue d’un bon nombre d’habitants. Les enfants Rowlands apprennent l’anglais à l’école, mais, selon Osian « ils auraient du mal à tenir une conversation en anglais ».
    Osian est poète à ses heures, et a déjà gagné des prix dans les Eisteddfodau, traditionnels festivals littéraires qui galvanisent la vie culturelle des Pays de Galles. Je lui demande une citation. Il propose deux de ses vers sur la mort dans la Grande guerre d’un autre poète, Hedd Wyn, dont le nom de plume était « Fleur de lis » : « Ein mab ymysg y pabi, Wedi ei ladd, Fflwr-dy-lis. » Les tonalités confirment que nous sommes loin des racines anglo-saxonnes.
    Sioned, qui a été professeur aussi, travaille à mi-temps dans une bibliothèque, pour pouvoir élever les enfants, et gère sa petite entreprise d’articles brodés ou en point de croix.
    Ils ne passeront qu’une semaine en France, mais projettent déjà de revenir avec leur caravane.
Comme aux Ecossais de Saint-Waast (voir l’Union du 3 août), je pose la question de l’éventuelle indépendance du Pays de Galles, réclamée par certains. Osian et Sioned se félicitent d’avances accomplies en termes d’autonomie, mais l’indépendance complète leur paraît peu probable.
    Le Pays de Galles est-il isolé par sa situation sur le liseré côtier de l’Europe, sa langue et sa culture ? L’histoire du poète tombé à la guerre rappelle qu’ils n’ont pas été à l’écart des chamboulements du continent. Les vers d’Osian Rowlands sont éloquents à ce sujet : « Notre fils au milieu des pavots, Il est mort, Fleur de Lys. »
L'Union

1 commentaire:

  1. Voici Osian quand il a gagne la chaise, la plus importante prix d'une Eisteddfod, pendant l'Eisteddfod de Penrhyn Coch en 2011
    http://www.trefeurig.org/eisteddfod2011.php

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