17/09/2005

« Danses d’ailleurs » : Shaylyn au Centre Culturel

Le grand spectacle de « Riverdance » et ses suites ont rendu familière la danse irlandaise, sa façon de déployer tout le talent du danseur dans ses pieds. La tête, la torse et les bras en deviennent presque spectateurs. La particularité des vingt danseurs, musiciens et chanteurs de Shaylyn est de raconter l’histoire de cette danse, et l’impact de la longue répression, la famine et la misère qui ont alourdi l’histoire de l’Irlande.
Shaylyn relate l’écrasement de la culture et des traditions irlandaises pendant les siècles qui ont précédé l’indépendance du Sud de l’ile. Leur survie, et la prolifération actuelle des écoles et des troupes de danse, font penser que les racines de cet art plongent trop loin dans le terreau du pays pour pouvoir en être arrachées.
Le spectacle comprend des textes, écrits par la réalisatrice Jane Gilheaney, et lus en anglais, transmué par l’accent du nord‑ouest rural du pays (et traduits dans le programme). Ils alternent avec des chansons, chantées lentement à pleine voix, à serrer le cœur ou glacer les sangs selon leur sujet, et les danses. Chaque fois, les musiciens lancent un rythme trépidant, presque urgent, sur lequel les danseurs font des exploits de dextérité.
Jane Gilheaney
Shaylyn s’est rendu à Soissons à la demande de Catherine Vandeputte, la force derrière la mode de la danse irlandaise dans la région, et qui a porté le projet du festival « Danses d’ailleurs ». Un autre événement attendu du festival, mais qui n’a pas pu avoir lieu, en l’absence de la juge, était le concours de danse. Ce « feis » aurait illustré encore plus clairement l’aspect compétitif de la danse irlandaise, son côté « Epate‑moi, que je t’épate ensuite ! »
Un spectateur constate que «les danses sont si gaies, les chants si tristes ». Le contraste reflète la réalité irlandaise d’une île placide zébrée par la violence, centrée à présent sur la fracture entre le Nord et le Sud. A l’heure où Shaylyn termine son spectacle, des émeutes éclatent dans la nuit de Belfast.
L’Union

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