13/02/2006

Aldo Romano remplit la salle

« La musique est un lieu, une terre promise que l’on découvre et conquiert. » Aldo Romano, musicien de jazz, célèbre autodidacte qui a quitté l’école à quatorze ans, a une sensibilité aussi grande pour les mots que pour les notes de musique.
    Cette image géographique, citée dans un récent entretien, s’est en quelque sorte réalisée au concert donné par son trio au Centre culturel.
     Le programme – qui débute par « Abruzzi », du nom de sa région natale en Italie – devient pour l’auditeur une promenade dans une succession de paysages. Montagneux, vallonnés ou plats, ils changent à chaque coin de chemin pour offre une nouveauté à l’œil, s’étendent sur de vastes perspectives ou saisissent les détails. Sans faire des manières, ils rassurent quant à la beauté du monde.
    Cela peut débuter par une mélodie séductrice, traînante, presque du Satie. Elle se déplie, s’enfle, part dans des méandres et des virages soudains, pour arriver à sa plénitude, à la fois sereine et virevoltante. Un solo à la contrebasse rappelle que ça danse aussi dans les profondeurs !
    Des « standards » émergent de l’ensemble, s’affirment un moment, puis se transforment devant nos oreilles, repartent, sont remplacés.
    Dans les coulisses, Aldo Romano le batteur, Danilo Rea le pianiste et Remi Vignolo le contrebassiste parlent italien. Cet attachement pourrait expliquer la solidité de leur musique, qui appartient à ses racines autant qu’à ceux qui la jouent – ou qui l’entendent.
    « Les structures sont données » explique Aldo Romano après le concert, « et à l’intérieur nous improvisons. » Aucune performance ne se répète.
    Le jazz n’attire pas un public assez nombreux pour couvrir tous les fauteuils bleus de la grande salle. Mais pour être plus restreint, il est généreux : dès lors que ses besoins de distraction, d’enrichissement et d’éblouissement sont satisfaits, il sait apprécier, sait montrer son appréciation. Et puis la musique d’Aldo Romano remplit bien la salle.
    C’est dommage, après une telle baignade dans le jazz, de ne pas pouvoir, tout rafraîchi, poursuivre les improvisations en paroles dans un café chaleureux à côté. Le Centre culturel de Soissons, garé à l’écart du cœur de ville, en est dépourvu. A bon urbaniste salut !
L’Union

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