30/03/2006

Maurice Laufer joue les ouvertures

Deux joueurs devant un échiquier peuvent paraître détendus, seul leur cerveau s’activant à prévoir le déroulement de la partie. Maurice Laufer voit autre chose. «Le rythme cardiaque augmente, il y a du stress. Dans une partie qui peut durer six heures, il faut sortir, prendre l’air. Le sport est recommandé pour les joueurs d’échecs.»
    Maurice est président de l’Echiquier Soissonnais, centrant ses efforts, avec Henri de Lauzainghein, sur le recrutement et l’entraînement de jeunes joueurs. «Je voulais trouver un intérêt pour ma retraite, et me suis inscrit dans un club d’échecs à Paris pour apprendre.»
    Né parisien, à dix ans Maurice veut être officier de marine. Après les Ecoles des Mousses, des Maistrances et des Timoniers, il arrive à l’Ecole Navale en 1958, où il est contemporain d’Eric Tabarly. Echouant à l’oral, et peu disposé à rester timonier toute sa vie, il étudie les radiocommunications. Il quitte la Marine en 1962, et sa carrière se déroule dans des entreprises industrielles. «Toujours enrichissantes» dit-il de ses expériences professionnelles.
    L’amabilité fait partie du comportement de Maurice Laufer, comme un ciel bleu fait partie d’une journée d’été. Il ne reste pas dans les abstractions et, parlant de nœuds marins, il en fait aussitôt un avec un cordon. Il n’est pas enclin à revenir sur certains aspects du passé : «Je tourne la page» explique-t-il, avec un grand geste des mains.
    Après avoir habité une maison dans les bois, pendant deux années de formation en Allemagne, Maurice, sa femme Bernadette et leurs enfants étouffent à Paris, et cherchent une maison de campagne. «Le deuxième weekend, nous avons trouvé cette maison à Maast, où tout était à faire.» Le couple s’y est installé à demeure il y a quatre ans.
    Pourquoi les joueurs d’échecs sont majoritairement des hommes ? «C’est un sport de combat.» Par sa lenteur, une partie d’échecs peut paraître nonchalante. En réalité, elle est comme un match de boxe au ralenti, dans lequel chaque combattant, ayant reçu un coup, réfléchirait aux conséquences de celui qu’il va rendre, avant de l’envoyer.
    Maurice prend plaisir à expliquer, démontrer. Sur une étagère pleine d’ouvrages sur les échecs, il cherche un livre pour soutenir son propos, déplace un pion et un cavalier pour illustrer une «ouverture», les premiers mouvements par lesquels le combat se met en place. Il la détaille, pioche dans les centaines de jeux dans une base informatique qui ont commencé ainsi. Mais il demande que le nom de cette ouverture ne soit pas révélé. «Je me prépare à jouer au 5e Open de la Fère en juillet, et je préfère ne pas annoncer ma stratégie.» Si affable qu’il soit, Maurice Laufer est un combattant lorsqu’il se trouve devant un échiquier.  «Perdre, c’est une blessure psychologique énorme ; on n’oublie jamais qui vous a battu.»
L’Union

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