25/06/2006

La résistance palestinienne par la culture : Al Rowwad à la Mutualité

L’histoire d’un peuple est faite des évènements qu’il vit ensemble, alors que sa culture est le langage symbolique qu’il invente pour exprimer cette expérience, en musique, en art, en poésie. Témoigner de la culture palestinienne est la forme de résistance non-violente à l’occupation pratiquée par les jeunes acteurs d’« Al-Rowwad ».
    Ce centre culturel se situe dans le camp d’Aïda à Bethléem, où se sont réfugiées en 1948 les populations de 35 villages arabes démolis puis annexés par Israël. « Nous sommes des enfants du camp » raconte son histoire et son quotidien. La puissance de la pièce vient de la nature collective de l’écriture et du jeu. Il n’y a pas de personnages principaux, le texte est réparti entre tous les acteurs. La réalité de la vie palestinienne se reflète dans des mouvements d’ensemble, des ronds, des danses, des chants, comme des jeux d’enfants pour figurer une tragédie.
    Dans la séquence la plus glaçante, deux garçons en maillot noir montent la garde à un point de contrôle israélien, et filtrent les passants : des lycéennes sont renvoyées, d’autres passent, une étudiante est admise, sa camarade bloquée, deux garçons sont arrêtés, une femme enceinte accouche dans la rue d’un bébé qui meurt faute d’ambulance. L’humiliation est constante : coups de pied au derrière pour les garçons, livres scolaires jetés par terre, sourires sarcastiques. Ordres reçus, ou humeur ? Aucune explication. Les Palestiniens encaissent. Mais les Israéliens, eux, se détruisent. Par des abus sanctionnés et nourris par ses dirigeants, une nation se perd.
    Le spectacle s’est donné sans le soutien ni la présence de la Mairie, mais a été parrainé par l’ARG. Le contexte international fait que des élus dans la salle, et l’imam de la mosquée et l’évêque de Soissons, ont pu mesurer le poids de leur présence. Pour Jean-Claude Ponsin, président des « Amis d’Al Rowwad », venu de Paris : « On parle trop de la souffrance des Palestiniens, pas assez de leur richesse artistique. »
    Enfin, le simple fait de voir devant nous des enfants et adolescents palestiniens, eux que nous ne voyons habituellement que dans des images de violence, de révolte et de mort, était saisissant. Après avoir joué, un garçon a endossé un maillot marqué « Don’t mess with Texas » (« Mieux vaut ne pas narguer le Texas ! »). Un quotidien d’oppression n’empêche pas les enfants de rêver, et l’Amérique reste un des rêves.
L'Union

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