12/12/2007

Thierry Dantheny : « Je n’ai pas soif. »

« Thierry, t'arrêtes tes conneries ! » C'est en ces termes que Thierry Dantheny a pris sa décision : il mettrait fin à sa dépendance à la boisson et aux médicaments.
Sa maison de Saint Waast est remplie des affaires d'une vie de famille — et de serins, d'octodons, et d'un chien avec des poils qui vont dans tous les sens. Il faut un effort pour visualiser l'histoire de folie alcoolique de cet homme solide, affable.
« J'étais mauvais élève. » En fait, c'est après le divorce de ses parents qu'il doit quitter l'école Saint-Georges et qu'il entre en bataille avec le système scolaire, jusqu'au moment où il va au lycée Saint-Vincent-de-Paul, avec le premier groupe de garçons à rejoindre les filles. Il découvre sa capacité d'action. « Notre classe s'est opposée à la démolition d'une chapelle dans le parc, en empêchant les travaux. La directrice, une bonne sœur, en pleurait de reconnaissance. »
Il devient éducateur, étudie pour un diplôme, et occupe une série de postes avec les personnes en difficulté, enfants placés, sortants de prison, sans domicile fixe. Avec tous il prend des initiatives, partage, responsabilise. « Et je buvais. À l'excès. » C'est la peur déclenchée par des agressions au travail qui fait basculer le buveur en ivrogne. « Je prenais ma bouteille de Pastis planquée dans le jardin, et je la buvais au goulot. » Déprimé, jamais violent, hospitalisé, interné brièvement, il réussit ensuite à jouer médecin contre psychiatre pour obtenir des neuroleptiques. « Je prenais la dose d'un mois en une fois. »
Il est en contact avec La Vie Libre, association d'aide aux buveurs et anciens buveurs, mais vient ivre aux réunions, et faillit se faire éjecter. « On m'a gardé pour épauler ma femme. » Il suit une cure, puis fait la fête pendant quinze jours en sortant. « Là, j'ai décidé d'arrêter. »
Pourquoi à ce moment-là ? « Je ne cherche jamais les causes. » Ainsi il garde toute la force d'agir. Mais ainsi il est sans recours devant les mauvais coups, comme le suicide de son père, alcoolique aussi. Responsable de La Vie Libre à Soissons, il la présente aux groupes en cure. « Je parle trois minutes, puis nous discutons deux heures. Je dis que je n'ai plus besoin de boire, c'est tout. Je n'ai pas soif. » Il sourit. « Dans mon café, je suis l'ancien alcoolo. » Si l'on lui offre un verre ? « Je refuse, si on insiste je pars. »
L’Union

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