Michèle Point : le besoin de réfléchir

Michèle Point est née au Havre. Elle a trois ans lorsque son père part à la guerre, et il ne rentre qu’en 1945. A la gare, elle ne le reconnaît pas. Elle fait partie de cette génération dont les privations, les bombardements, le danger, faisant partie de leur apprentissage du monde, ne leur paraissent même pas extraordinaires.

    En 1955, munie de la première partie du bac, elle part dans une école d’éducateurs à Paris, et obtient son diplôme en 1958. Après deux ans au Havre, elle trouve un poste d’éducatrice spécialisée à Soissons avec des enfants handicapés mentaux, au centre des Quatre Vents. Elle y fera toute sa carrière. Métier éprouvant ? « C’était un travail d’équipe. » Michèle fait toujours valoir le partage, l’échange d’idées. Le même motif lui fait rejoindre en 1962 la branche soissonnaise de « Vie nouvelle », mouvement de recherche spirituelle issue du scoutisme.

    « Plus tard notre groupe s’est retiré du mouvement, pour privilégier le lien d’amitié entre nous. » Plus de trente ans plus tard, le groupe perdure, l’amitié résiste. Les membres se rencontrent, voyagent ensemble, s’entraident. En 1962 Michèle, célibataire, a un enfant : les autres sont présents pour la soutenir. Quand elle achète une maison à Belleu un autre membre trouve l’escalier mal placé. Il lui en fait un autre.

    Comment expliquer la longévité du groupe ? « Nous sommes très proches. Nous connaissons nos défauts. Nous sommes soucieux des difficultés des uns et des autres. » Mais il y a plus que cela. Chaque année tous se retrouvent et se partagent en « fraternités », qui se réunissent une fois par mois pour aborder un thème, social, religieux ou autre. « Sur le journal, par exemple » dit Michèle. Ainsi, il y a un constant dépassement des préoccupations individuelles par cette réflexion durable, le partage d’une aspiration commune créant un lien au-delà des affinités personnelles.

     « Puis chacun a ses engagements, dans la vie publique, le social, la paroisse. » Même politique : Michèle Point est conseillère municipal à Belleu, adjointe aux affaires sociales et à la solidarité.

    Michèle tient un discours clair, direct, répond sans hésiter aux questions. Sur tout sujet ? « Chacun a son jardin secret. Moi aussi, bien sûr. » C’est peut-être de cela que vient ce sens d’épaisseur derrière la surface lisse, du souffle qui la fait vivre.

L'Union