Laurence
Piret reçoit au milieu des cartons de déménagement. « J’ai toujours eu
différentes phases dans ma vie. » La prochaine la verra emménager dans
une maison à Saint Waast avec l’homme de théâtre Marc Douillet.
En répondant aux questions sur ces « phases » elle
dégage avec un sourire la part du fortuit dans ses choix. Elevée dans la
Sarthe, obtenant le bac au Mans, elle s’interroge sur son avenir, « Une
copine a cédé sa place à l’Ortf, j’ai été prise, et me voilà travaillant à la
télévision ! »
Elle devient ensuite correspondante de « Ouest
France » pour plusieurs communes sarthoises. « Je couvrais
l’actualité locale, mais j’arrivais à écrire sur d’autres sujets aussi. »
Venue en Seine et Marne avec son mari d’alors, elle écrit
pour « Le pays briard » de Coulommiers.
En 1992, habitant Château Thierry, elle cherche un travail
« avec un aspect social ». Depuis, elle est responsable de la
communication et de la conduite de projets aux Allocations familiales de
Soissons.
L’activité citoyenne, le théâtre, la préoccupent. Elle devient
militante de « Cultures du cœur », qui procure et offre aux
populations « exilées de la culture » des invitations – on ne dit
jamais « places gratuites » – aux événements sportifs et aux
spectacles. « De toute façon, il y a toujours des places vides. »
Il ne s’agit pas de refiler des billets pour Racine ou
Messiaen à des personnes n’étant jamais allées au théâtre ou concert, en les
laissant affronter seuls ces mondes impressionnants. Laurence trouve des relais
sociaux qui accompagnent la démarche en se formant à la « médiation
culturelle ». Ils apprennent à respecter le choix et la dignité des
« invités ». « Il y a des gens qui, même munis de places,
n’ont pas osé entrer. Ils ne savent pas comment se comporter dans un
théâtre. »
Laurence s’emporte : « Plus qu’un engagement,
pour moi c’est une colère : de plus en plus d’incitations à la
consommation et puis en priver les gens ! »
On provoque une rencontre en mettant la personne
devant une forme de culture qui, au lieu de la caresser dans le sens du poil en
la divertissant, l’oblige à se gratter la tête. Le résultat peut être
éblouissant, dérangeant, révolutionnaire, ou source d’amour propre comme pour
une femme citée : « Qu’est-ce qu’ils vont dire les gens quand ils
vont voir une Arabe à l’Opéra ! »L'Union
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