Pour
son cinquantième anniversaire, et au sortir d’un deuil, Edith Fouilliard est
allée dans le désert mauritanien. Elle dit son éblouissement : « La beauté,
surtout des dunes, les couleurs, le silence ; puis la nuit dans le désert… ».
Ce qui frappe en l’entendant, la regardant, c’est à quel point elle conserve la
verve et l'allure de la jeunesse.
« Une fois rentrée, il m’a fallu deux mois pour m’en remettre. » Elle veut repartir,
mais dans un rôle humanitaire auprès des nomades, survivant dans un désert qui
s’étend par la superficie d’une Belgique par an. En 2005 elle rejoint une
équipe de « Liberté par les chamelles », qui à l’origine fournissait du bétail
aux familles après les sécheresses, mais qui s’est reconvertie dans l’aide
médicale. Edith se trouve dans la région de l’Adrar. Les conditions sont loin
de celles de l’hôpital de Soissons où elle est infirmière. Une photo de son
album montre une dizaine de femmes et d’hommes assis sur un banc comme s’ils
attendaient le bus. Chacun a un pansement à l’œil : ils viennent d’être opérés
de la cataracte.
Avant cette rencontre bouleversante avec le désert ? Edith grandit
sur une ferme au Plessis Huleu. Adolescente, elle voit mourir son grand-père à
l’hôpital, dans les conditions de l’époque qu’elle hésite à décrire. « Je
crois qu’en devenant infirmière je voulais faire réparation. » S’approchant
à présent de la fin de sa carrière, elle est dans une équipe de soins
palliatifs, dont aurait eu tant besoin son grand-père. « J’ai bouclé la
boucle. »
Elle
se marie jeune, mais élève seule ses trois filles, parties maintenant de la
maison d’Acy.
Elle repart en Mauritanie cette année. Le bénévolat coûte cher, car
chacun supporte tous ses frais de voyage et autres. La charte associative insiste
sur le respect : pas de bracelet montre, discrétion en parlant, pour ne pas
inciter à l’émigration en étalant le luxe de notre société.
A-t-elle le temps d’apprécier le désert, déclencheur de son engagement ? «
La nuit. Nous nous éloignons toujours pour bivouaquer. »
Edith s’affole des questions personnelles.
« Je ne parle jamais de moi. » Mais elle s’y efforce pour la bonne cause.
La timidité, cet inconfort social, soit se manifeste par le malaise, le recul,
soit se cache dans une aisance assumée, comme chez elle. Pour résumer son
propre chemin, elle répète simplement « La boucle est bouclée. »
L'Union
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.