Au faîte de sa gloire, l’actrice
Margot Channing accueille auprès d’elle sa jeune admiratrice Eve, qui se met sournoisement
à prendre la place de la star, jusqu’à lui voler son soupirant.
C’est
l’intrigue du film « Eve » de J.L. Mankiewicz. « L’antichambre »
de Jean-Claude Brisville utilise des personnages historiques – c’est son
habitude ! – en habits du XVIIIe siècle, avec toutes les résonances du
siècle des Lumières, et du combat autour de l’Encyclopédie, pour illustrer la même
dynamique.
Marie
du Deffand, reine incontestée du salon le plus prestigieux de Paris, invite la
pauvre Julie de Lespinasse à devenir sa lectrice. Sous des airs innocents la
jeune femme œuvre à réduire le salon de sa protectrice en antichambre, lieu
d’attente pour entrer dans la lumière brillante de son propre salon, là ou les Encyclopédistes
triompheront. Le Président Hénault, admirateur de l’ancienne, tombe sous le
charme de la nouvelle.
Avec
ses dialogues étincelants, la mise en scène efficace, et la finesse de jeu des acteurs
– Danièle Lebrun joue superbement sa partition - , tout est fait pour que les
spectateurs se sentent eux-mêmes pleins d’esprit et d’intelligence, familiers
des courants de pensée de l’époque. L’objectif n’est pas d’émouvoir, encore moins
de troubler les esprits, ce que visent d’autres spectacles de cette saison. On sort
de cette antichambre sans le sentiment, enivrant ou préoccupant, que la vie
dehors ne sera jamais tout à fait la même.
L’Union
Sarah Biasini (Julie de l’Espinasse) et Max Dumas (Président Hénault) reflétés dans une glace de scène.
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