Il fallait le vocabulaire bien vissé dans le cerveau pour sortir indemne
du spectacle « Coupure à vue » donné par la compagnie Alis de Pierre
Fourny. Sans cela, la gymnastique des mots qui jouent dans ce spectacle
pourrait faire craindre à un distrait que les mots ne sont pas plus prosaïques que
la musique, et qu’il subit les premiers assauts de la démence langagière.
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Les trois acteurs d'Alis encadrés sur scène. |
Le propos est de découvrir la vie autonome et cachée des mots, que les
trois acteurs entreprennent en les coupant en deux – horizontalement, c’est
tout le secret. C’est présenté par une conférencière singulièrement pédante,
mais si sérieuse qu’il faut un moment pour y entendre, non pas la sémiotique
que une loufoquerie.
Une anecdote à la « Code da Vinci » révèle la vérité que
cherche à cacher le « vase de Soissons », puis jongle les
demi-lettres pour en faire « urne de salopard ».
L’exubérance alphabétique contraste avec l’espace scénique obscur, les
costumes noirs, la retenue du jeu d’acteur. Le comique flamboie d’autant plus dans
ce cadre sobre.
Il y a des moments d’intense beauté scénique, comme lorsque des lignes
horizontales de lumière se déplacent de haut en bas sur la scène, interrompues
par des corps et des voiles qui créent des courbes, vaguelettes lumineuses sans
fin.
L’Union
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