Franck Rohat travaille dans l’équipe de
signalisation des Services techniques de la Mairie de Soissons, unité qui s’occupe
également des parcmètres.
Une fois par semaine, après son travail,
il se rend à l’hôpital pour accompagner les personnes s’approchant de la fin de
leur vie. Il y est membre d’une autre équipe, les bénévoles de Jalmalv
(« Jusqu’à la mort accompagner la vie »).
Dans son appartement au cœur de la
vieille ville, Franck parle de cet engagement. « J’ai toujours voulu faire
du bénévolat. » Pourquoi celui-là, que beaucoup considèrent lourd à
porter ? Franck est clair : « C’est très cadré. Je ne voulais
pas aller au casse-pipe. » En effet, la formation en écoute et accompagnement
est une priorité, et les équipiers se rencontrent régulièrement pour faire part
de leurs difficultés éventuelles. La bonne volonté ne suffit pas : il faut
un cadre, pour protéger les accompagnés – comme les
accompagnants.
But de cette activité :
« Montrer aux mourants qu’ils ne sont pas écartés de la société au moment
de la quitter. » Démonstration citoyenne ? « Plutôt vivre
ensemble une relation dans un échange réciproque. » C’est une définition
abstraite, mais la démarche de Franck la traduit en pratique: « Je fais le
vide, j’entre dans une chambre, complètement dans le truc. » Il ne s’agit
pas d’apporter des paroles, mais de permettre à l’autre de s’exprimer. Il n’a
pas à mourir silencieux.
Le plus jeune de sept enfants, Franck
grandit à Soissons et y fait ses études. Qualifié en mécanique d’entretien, il
entre à l’hôtel de ville par le biais de courts contrats puis, après son
service militaire, devient « fonctionnaire territorial ». Ayant
assisté à une réunion Jalmav, il la rejoint en 2001.
Franck sait la valeur de son activité
pour les accompagnés, mais insiste aussi sur les richesses pour ceux qui
s’engagent. « J’étais timide, et j’ai réussi à gérer ma timidité. »
Il a en effet le regard évasif, mais ne recule devant aucune question.
Trésorier de l’association, il prend la parole à l’assemblée générale. Plus que
cela, et sans affectation ni suffisance, il est ainsi en contact avec sa propre
profondeur, celle que cache souvent l’agitation quotidienne.
La vie personnelle ? « Je
donne beaucoup de jours de congé pour les formations. » Mais il nous autorise
à annoncer son intention de se pacser bientôt avec sa compagne Thérèse. Ainsi s’affirme
la vie – jusqu’à la mort.
L’Union
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