Monique, André, Jocelyne et André sur le « Lédé ». |
D’ailleurs, à la différence de certains
plaisanciers, les deux couples qui l’occupent ne donnent pas l’impression de
jouer aux navigateurs. Ils font comme chez eux. En effet, les deux sœurs
Monique et Jocelyne De Bruyne, de parents belges bateliers, ont grandi sur une
péniche, sauf pendant leur scolarité dans un pensionnat prévu pour les enfants de
bateliers. « Quand nos parents
n’étaient pas loin, nous rentrions en fin de semaine. » Hilaire Daes, le
mari de Monique, est batelier lui-même, mais près de la retraite « Je travaille sur une péniche de 900
tonnes » explique-t-il. André, mari de l’autre sœur, a réussi à entrer
dans le milieu fermé de la batellerie, où les mariages se font souvent entre
ses membres.
Le bateau, de 27 tonnes, s’appelle le
« Lédé » : « C’est le
nom d’une petite rivière près de Gand. » Hilaire l’a acheté en 2007 à
un Néerlandais devenu aveugle, qui aimait sculpter en bois. A l’arrière trône
un requin – ou est-ce un dauphin ou un poisson ? « Il disait que c’était un « diable de mer ». Ils
sont en train de remettre le bateau en état, gratter, peindre, réparer. A
l’origine, c’était une vraie péniche de travail, portant par exemple jusqu’à 400
kilos de pommes en vrac dans sa soute.
Le conversation va bon train. J’aborde
de front le sujet linguistique belge. « Vous
êtes tous flamands, pourtant vous parlez français mieux que moi, alors qu’on
dit les Flamands férocement attachés à leur propre langue. » Ils
échangent un regard avant d’expliquer. « Notre
mère » admet Monique « était
wallonne, et nous parlions français avec elle. » Quant à Hilaire,
arrivé au secondaire il a dû poursuivre ses études en français.
Ce n’est pas leur premier passage à
Soissons. Ils apprécient les monuments ecclésiastiques, le marché, trouvent les
gens aimables, mais auraient aimé voir le vase de Soissons dont on parle tant.
Un trait qu’ils partagent avec d’autres
plaisanciers qui ont participé à cette chronique d’été est le refus d’un
calendrier fixe. Ils arrivent, restent, et repartent quand cela leur chante. C’est
peut-être l’eau qui, par son mouvement incessant, inspire et fait vivre ce goût
pour la liberté.
L’Union
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