03/09/2009

Les Belges et le diable de mer

Les bateaux amarrés à la halte fluviale ont pour la plupart fière allure, qu’ils soient compacts ou spacieux, modestes ou somptueux. Le « Lédé », avec ses peintures fatiguées et ses traces de corrosion, a plus en commun avec les péniches utilitaires qui passent, enfoncées dans l’eau par leur cargaison.
Monique, André, Jocelyne et André sur le « Lédé ».
D’ailleurs, à la différence de certains plaisanciers, les deux couples qui l’occupent ne donnent pas l’impression de jouer aux navigateurs. Ils font comme chez eux. En effet, les deux sœurs Monique et Jocelyne De Bruyne, de parents belges bateliers, ont grandi sur une péniche, sauf pendant leur scolarité dans un pensionnat prévu pour les enfants de bateliers. « Quand nos parents n’étaient pas loin, nous rentrions en fin de semaine. » Hilaire Daes, le mari de Monique, est batelier lui-même, mais près de la retraite « Je travaille sur une péniche de 900 tonnes » explique-t-il. André, mari de l’autre sœur, a réussi à entrer dans le milieu fermé de la batellerie, où les mariages se font souvent entre ses membres.
Le bateau, de 27 tonnes, s’appelle le « Lédé » : « C’est le nom d’une petite rivière près de Gand. » Hilaire l’a acheté en 2007 à un Néerlandais devenu aveugle, qui aimait sculpter en bois. A l’arrière trône un requin – ou est-ce un dauphin ou un poisson ? « Il disait que c’était un « diable de mer ». Ils sont en train de remettre le bateau en état, gratter, peindre, réparer. A l’origine, c’était une vraie péniche de travail, portant par exemple jusqu’à 400 kilos de pommes en vrac dans sa soute.
Le conversation va bon train. J’aborde de front le sujet linguistique belge. « Vous êtes tous flamands, pourtant vous parlez français mieux que moi, alors qu’on dit les Flamands férocement attachés à leur propre langue. » Ils échangent un regard avant d’expliquer. « Notre mère » admet Monique « était wallonne, et nous parlions français avec elle. » Quant à Hilaire, arrivé au secondaire il a dû poursuivre ses études en français.
Ce n’est pas leur premier passage à Soissons. Ils apprécient les monuments ecclésiastiques, le marché, trouvent les gens aimables, mais auraient aimé voir le vase de Soissons dont on parle tant.
Un trait qu’ils partagent avec d’autres plaisanciers qui ont participé à cette chronique d’été est le refus d’un calendrier fixe. Ils arrivent, restent, et repartent quand cela leur chante. C’est peut-être l’eau qui, par son mouvement incessant, inspire et fait vivre ce goût pour la liberté.
L’Union

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