Une grande mécanique articulée occupe le fond d’une demeure russe dans « Ivanov »
de Tchekhov, jouée par le Théâtre de la Tempête. Nicolaï Ivanov croule sous une
mélancolie, une culpabilité dont il ne voit pas les origines. Il laisse mourir
sa femme, hésite quant à la remplaçante promise. Son entourage s’agite. Alors
que la machine infernale, comme un oiseau, attend de prendre son envol. Évoque-t-elle
le passé entreprenant d’Ivanov ou préfigure-t-elle l’ère de l’industrialisation
qui allait, avec la Révolution, broyer ce monde-là, ses futilités et ses
scrupules ?
Le symbole hante la mise en scène autrement naturaliste de Philippe
Adrien, mais dans laquelle s’intercalent des moments plus oniriques, dont un jeu
de cartes embrumé et au ralenti. Le jeu des acteurs est énergique, presque
frénétique, comme s’ils ignoraient la force de la retenue.
Dans le rôle du neurasthénique tour à tour sympathique, détestable,
Mathieu Marie a une rude tâche. C’est comme pour un acteur qui joue Hamlet :
s’il est chargé à fond, son cheminement nous fascine ; s’il fait du
sur-place, nous pensons « Alors tu
le tues ton beau-père ou non ? Décide, bon sang ! »
L’Union
Derrière les comédiens,
la machine
infernale attend son heure.
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