03/05/2010

Tchekhov au Mail : le poids du passé et de l’avenir


Une grande mécanique articulée occupe le fond d’une demeure russe dans « Ivanov » de Tchekhov, jouée par le Théâtre de la Tempête. Nicolaï Ivanov croule sous une mélancolie, une culpabilité dont il ne voit pas les origines. Il laisse mourir sa femme, hésite quant à la remplaçante promise. Son entourage s’agite. Alors que la machine infernale, comme un oiseau, attend de prendre son envol. Évoque-t-elle le passé entreprenant d’Ivanov ou préfigure-t-elle l’ère de l’industrialisation qui allait, avec la Révolution, broyer ce monde-là, ses futilités et ses scrupules ?
Le symbole hante la mise en scène autrement naturaliste de Philippe Adrien, mais dans laquelle s’intercalent des moments plus oniriques, dont un jeu de cartes embrumé et au ralenti. Le jeu des acteurs est énergique, presque frénétique, comme s’ils ignoraient la force de la retenue.
Dans le rôle du neurasthénique tour à tour sympathique, détestable, Mathieu Marie a une rude tâche. C’est comme pour un acteur qui joue Hamlet : s’il est chargé à fond, son cheminement nous fascine ; s’il fait du sur-place, nous pensons « Alors tu le tues ton beau-père ou non ? Décide, bon sang ! »
L’Union

Derrière les comédiens,
la machine infernale attend son heure.

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