09/07/2010

Deux frères venus du Nord


En ce tout début d’été, les tilleuls font encore flotter leur parfum sur le camping. Deux hommes sont assis devant une tente, l’un à l’air enjoué, l’autre paraissant plus préoccupé. Ils ne se ressemblent pas, mais déclarent tout de suite être frères. Originaires de la Frisonie, province au nord des Pays Bas, ils sont en vacances ensemble, comme chaque été depuis une quinzaine d’années.
Michiel et Ronald de Cocq van Delwijnen passent quelques jours à Soissons, avant d’aller à l’hôtel à Paris, puis de partir à l’improviste vers le Sud, peut-être jusqu’à la côte atlantique. Pourquoi commencer à Soissons ? « Nos parents ont été ici, et recommandent le camping. »
Michiel (à gauche) avec son frère cadet Ronald.
Ils expliquent leur patronyme à rallonge, inhabituel aux Pays Bas. « C’est un nom noble à l’origine. » En plus, ces origines seraient… françaises, mais pas récentes : leur ancêtre est un compagnon de Charlemagne parti vers le Nord au 6e siècle.
Nous nous entretenons en anglais. On tend à croire les Néerlandais aisément anglophones, mais Michiel et Ronald montrent qu’il faut s’appliquer. « Nous devons apprendre plusieurs langues, car personne ne parlera la nôtre. »
Ils sont en congé. Michiel, l’aîné, s’occupe de l’alimentation des résidants d’une maison de retraite. Ronald est boulanger dans un supermarché. « J’y ai tenu plusieurs postes, puis j’ai commencé à faire du pain. » Ils se disent tous deux contents de leur métier.
Ils me racontent d’autres voyages. Seule une visite en Ukraine a laissé de mauvais souvenirs bureaucratiques. « Les paysages sont magnifiques, mais il ne faut pas y aller en vacances ! » conclut Michiel.
En visitant Soissons leurs goûts sont simples. « Nous aimons aller dans les cafés, boire quelques bières, regarder le football à la télévision. » Ils s’enthousiasment pour la verdure du camping : « C’est tellement beau ! »
Il reste intrigant de voir deux frères prendre un tel plaisir à voyager avec seul l’autre pour compagnie. La relation fraternelle se détend souvent une fois l’âge adulte atteint, ou devient même problématique. C’est peut-être parce que Michiel et Ronald paraissent si différents qu’ils s’apprécient, se suffisent. « Nous arrivons toujours à nous entendre en voyage, sur les parcours, les destinations. » Ils admettent que leur manque d’aisance en français les isole encore plus. Quand je les quitte, c’est Michiel qui me remercie pour « la bonne conversation ».
L’Union

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