En ce
tout début d’été, les tilleuls font encore flotter leur parfum sur le camping.
Deux hommes sont assis devant une tente, l’un à l’air enjoué, l’autre
paraissant plus préoccupé. Ils ne se ressemblent pas, mais déclarent tout de
suite être frères. Originaires de la Frisonie, province au nord des Pays Bas,
ils sont en vacances ensemble, comme chaque été depuis une quinzaine d’années.
Michiel et Ronald de Cocq van Delwijnen passent quelques
jours à Soissons, avant d’aller à l’hôtel à Paris, puis de partir à
l’improviste vers le Sud, peut-être jusqu’à la côte atlantique. Pourquoi
commencer à Soissons ? « Nos
parents ont été ici, et recommandent le camping. »
Michiel (à gauche) avec son frère cadet Ronald. |
Ils expliquent leur patronyme à rallonge, inhabituel aux
Pays Bas. « C’est un nom noble à
l’origine. » En plus, ces origines seraient… françaises, mais pas
récentes : leur ancêtre est un compagnon de Charlemagne parti vers le Nord
au 6e siècle.
Nous nous entretenons en anglais. On tend à croire les
Néerlandais aisément anglophones, mais Michiel et Ronald montrent qu’il faut
s’appliquer. « Nous devons apprendre
plusieurs langues, car personne ne parlera la nôtre. »
Ils sont en congé. Michiel, l’aîné, s’occupe de l’alimentation
des résidants d’une maison de retraite. Ronald est boulanger dans un
supermarché. « J’y ai tenu plusieurs
postes, puis j’ai commencé à faire du pain. » Ils se disent tous deux
contents de leur métier.
Ils me racontent d’autres voyages. Seule une visite en
Ukraine a laissé de mauvais souvenirs bureaucratiques. « Les paysages sont magnifiques, mais il ne faut pas y aller en
vacances ! » conclut Michiel.
En visitant Soissons leurs goûts sont simples. « Nous aimons aller dans les cafés,
boire quelques bières, regarder le football à la télévision. » Ils s’enthousiasment
pour la verdure du camping : « C’est
tellement beau ! »
Il reste intrigant de voir deux frères prendre un tel
plaisir à voyager avec seul l’autre pour compagnie. La relation fraternelle se
détend souvent une fois l’âge adulte atteint, ou devient même problématique.
C’est peut-être parce que Michiel et Ronald paraissent si différents qu’ils
s’apprécient, se suffisent. « Nous
arrivons toujours à nous entendre en voyage, sur les parcours, les
destinations. » Ils admettent que leur manque d’aisance en français
les isole encore plus. Quand je les quitte, c’est Michiel qui me remercie pour « la bonne conversation ».
L’Union
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