Le phénomène est fréquent. De
lointains parents, de vieux amis, des camarades de classe s’enthousiasment à se
retrouver par Internet, trouvent vite que la vie les a trop séparés, et
laissent tomber.
Alors comment expliquer que les
anciens de l’école du Tour de Ville, répondant à un appel lancé sur le
site « Les copains d’abord », restent soudés ? Depuis 2008 ils continuent à se rencontrer,
certains venant de loin. Ils ont sorti un livre de souvenirs, dont ils ont
récemment tiré une série de saynètes, « La vie d’une cité d’hier ».
Il faut penser que ces enfances
vécues ensemble dans la cité d’urgence du Bois des Sapins ont forgé des liens
que les événements de la vie n’ont pas entamés. La pauvreté dans des baraquements
sans eau ni électricité, au lieu d’alimenter le malheur, a créé une solidarité,
une capacité à être heureux malgré tout, et une reconnaissance envers ceux parmi
lesquels ils ont grandi.
Francis Diot, qui s’était
investi pleinement dans le premier volume collectif (voir Francis Diot : la vie d'une cite), a décidé de poursuivre l’aventure littéraire en sortant seul une suite,
« Eh ! raconte… ». Il s’agit des témoignages plus fouillés de la
génération précédente, celle qui a vécu les premiers temps de la cité, dont la
vie a été bouleversée par l’exode de 1940 et la guerre, et qui ont néanmoins communiqué
à leurs enfants un optimisme à toute épreuve.
L’auteur commence par raconter,
avec beaucoup de tendresse, l’histoire de ses propres parents, et notamment leur
amour de la musique dont il a hérité.
Il a enregistré puis transcrit les témoignages. Cela a permis aux
personnes de revenir sur un passé qu’ils avaient souvent tu jusque là. En fait,
les qualités littéraires de ce livre comptent moins que sa fonction
essentielle : en consignant ces histoires par écrit, les empêcher d’être
englouties dans le grand silence qui suit ce qui n’est que dit.
L’Union
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