29/07/2010

Un livre d’histoires vécues


Le phénomène est fréquent. De lointains parents, de vieux amis, des camarades de classe s’enthousiasment à se retrouver par Internet, trouvent vite que la vie les a trop séparés, et laissent tomber.
Alors comment expliquer que les anciens de l’école du Tour de Ville, répondant à un appel lancé sur le site « Les copains d’abord », restent soudés ? Depuis 2008 ils continuent à se rencontrer, certains venant de loin. Ils ont sorti un livre de souvenirs, dont ils ont récemment tiré une série de saynètes, « La vie d’une cité d’hier ».
Il faut penser que ces enfances vécues ensemble dans la cité d’urgence du Bois des Sapins ont forgé des liens que les événements de la vie n’ont pas entamés. La pauvreté dans des baraquements sans eau ni électricité, au lieu d’alimenter le malheur, a créé une solidarité, une capacité à être heureux malgré tout, et une reconnaissance envers ceux parmi lesquels ils ont grandi.
Francis Diot, qui s’était investi pleinement dans le premier volume collectif (voir Francis Diot : la vie d'une cite), a décidé de poursuivre l’aventure littéraire en sortant seul une suite, « Eh ! raconte… ». Il s’agit des témoignages plus fouillés de la génération précédente, celle qui a vécu les premiers temps de la cité, dont la vie a été bouleversée par l’exode de 1940 et la guerre, et qui ont néanmoins communiqué à leurs enfants un optimisme à toute épreuve.
L’auteur commence par raconter, avec beaucoup de tendresse, l’histoire de ses propres parents, et notamment leur amour de la musique dont il a hérité.
Il a enregistré puis transcrit les témoignages. Cela a permis aux personnes de revenir sur un passé qu’ils avaient souvent tu jusque là. En fait, les qualités littéraires de ce livre comptent moins que sa fonction essentielle : en consignant ces histoires par écrit, les empêcher d’être englouties dans le grand silence qui suit ce qui n’est que dit.
L’Union

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