31/10/2007

Fabrice Décarnelle : homme de théâtre, homme d’action

L’idée a encore cours qu’un acteur se lève à l’heure du goûter pour aller jouer le soir, qu’un metteur en scène rentre chez lui après la première de son spectacle. En fait, pour avoir un entretien avec Fabrice Décarnelle de la compagnie Acaly, il faut se présenter à 8h30 du matin. « Le théâtre est ouvert de 8 heures à 22 heures. » Au-delà de la vitre de la salle de régie, un groupe d’adultes en formation reproduit un défilé de mannequins.
    Fabrice est prodigieusement communicatif. D’où vient cette qualité ? « La maison de mes parents était toujours ouverte. Et j’étais très observateur. » Non pas qu’il communique pour vendre ses produits : il partage son énergie et son enthousiasme pour le théâtre. Il n’attend guère les questions pour parler. Il joint un engagement de tous les instants pour le théâtre à une conscience des réalités de la vie d’un théâtre. « Il y a des troupes qui courent la subvention, attendent ça pour agir. Nous, on y va, on ne monte que des spectacles que les gens seront prêts à venir voir. » 
    Il a tant de choses à dire sur le présent et l’avenir d’Acaly qu’il est difficile de le ramener un temps aux débuts de son engagement. Fabrice grandit à Vic sur Aisne, où son père est cadre chez Vico – « dans la patate » dit-il, sachant rendre divertissant tout sujet soulevé. Attiré par le théâtre, à dix-huit ans déjà il monte des spectacles pour l’école de Vic. Il annonce son intention d’être metteur en scène. « Au lieu de crier que c’était pas un métier, mes parents m’ont encouragé. Il fallait aller de l’avant, même si l’on se cassait la gueule. » 
    Après une expérience décevante du monde étudiant individualiste à Reims, il s’inscrit dans une école de cinéma à Paris. Dans le train quotidien il se lie avec un autre étudiant, un troisième les rejoint, et ils fondent l’Association Culturelle Avec les Yeux – Acaly. Pour eux, c’est clair, le théâtre est pour les yeux, avant d’être pour le cerveau.
    Aujourd’hui, avec Fabien Dardenne, directeur artistique, il entame la dix-huitième saison, avec « Joyeuses fêtes » un divertimento de fin d’année. « A Acaly, nous voulons toujours apporter divertissement, bien-être, bouillonnement culturel. » Il compte les trois éléments sur les doigts. 
    « Je ne suis pas comédien. J’aime animer une équipe, prendre du recul, avoir le regard extérieur sur le spectacle. » Fabrice continue à parler du théâtre, de son engagement, mais le temps presse, et il faut encore le photographier. Un groupe de handicapés mentaux, acteurs professionnels, vient pour répéter un prochain spectacle. L’entretien s’interrompt.
    Dans la rue, alors que les acteurs arrivent en disant « Bonjour, bonjour », un dernier regard en arrière ne peut que faire penser au rêve enfantin d’avoir son propre théâtre pour monter des spectacles, être homme de théâtre. Ce rêve, Fabrice Décarnelle le réalise. 
L'Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.