Pour donner
de l’immédiateté au spectacle « Vingt-quatre heures dans la vie d’une
femme », l’adaptateur de la nouvelle de Stefan Zweig a trouvé une bonne
astuce. Il n’en garde que le douloureux récit fait par la dame anglaise au
narrateur, et qu’elle confie ici aux spectateurs dans la salle.
Nous vivons donc en direct sa lutte pour sauver un jeune joueur du
casino de son addiction. Elle ne réussit qu’à différer son suicide d’une
journée, et qu’à s’encombrer elle-même pour la vie du souvenir des excès de cet
interlude.
Freud considérait la nouvelle comme un chef d’œuvre. Elle montre qu’une
femme emprisonnée dans une morne bienséance ne peut pas accepter que ses
pulsions les plus profondes dictent son comportement. Elle se cache ses vrais
motifs et maquille son attirance en anxiété pour le bien-être du jeune homme.
Paradoxalement, malgré ses efforts pour être sincère elle travestit sa
vérité, alors que le joueur, sans le même sens moral, vit pleinement la sienne.
Laure Meurisse joue cette femme trop bien élevée avec une hystérie
contenue. La tension est permanente, son calme seulement assumé.
Elle est accompagnée par sa soubrette, qui la suit d’un regard
compatissant ou soucieux, et qui joue du violoncelle de temps en temps. Sa
présence costumée est plutôt gênante. Elle aurait pu être pure musicienne, faisant
du monologue un va-et-vient éclairant entre parole et musique.
La salle des fêtes du Mail, devenue plutôt « petite salle »
par rapport à la grande en haut, offre un cadre intime parfait pour ce
face-à-face entre comédienne et public.
L’Union
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