15/10/2010

Une femme trop bien élevée


Pour donner de l’immédiateté au spectacle « Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme », l’adaptateur de la nouvelle de Stefan Zweig a trouvé une bonne astuce. Il n’en garde que le douloureux récit fait par la dame anglaise au narrateur, et qu’elle confie ici aux spectateurs dans la salle.
Nous vivons donc en direct sa lutte pour sauver un jeune joueur du casino de son addiction. Elle ne réussit qu’à différer son suicide d’une journée, et qu’à s’encombrer elle-même pour la vie du souvenir des excès de cet interlude.
Freud considérait la nouvelle comme un chef d’œuvre. Elle montre qu’une femme emprisonnée dans une morne bienséance ne peut pas accepter que ses pulsions les plus profondes dictent son comportement. Elle se cache ses vrais motifs et maquille son attirance en anxiété pour le bien-être du jeune homme.
Paradoxalement, malgré ses efforts pour être sincère elle travestit sa vérité, alors que le joueur, sans le même sens moral, vit pleinement la sienne.
Laure Meurisse joue cette femme trop bien élevée avec une hystérie contenue. La tension est permanente, son calme seulement assumé.
Elle est accompagnée par sa soubrette, qui la suit d’un regard compatissant ou soucieux, et qui joue du violoncelle de temps en temps. Sa présence costumée est plutôt gênante. Elle aurait pu être pure musicienne, faisant du monologue un va-et-vient éclairant entre parole et musique.
La salle des fêtes du Mail, devenue plutôt « petite salle » par rapport à la grande en haut, offre un cadre intime parfait pour ce face-à-face entre comédienne et public.
L’Union

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