19/01/2011

Giono comme à la radio


Des voix qui semblent parler au creux de l’oreille, s’amplifiant, s’atténuant : elles interprètent, comme à la radio, « La bout de la route » de Jean Giono. Sur la scène du Mail, les comédiens du Théâtre de l’Aquarium accompagnent les paroles, mais ce sont leurs voix, à travers le micro que porte chacun, qui portent le texte dans la salle.
Le metteur en scène François Rancillac avait décidé cette sonorisation. Elle fait chanter la prose de Giono, simple, presque fruste, mais qu’éclairent les images ancrées dans la nature. Un visage, dit-on, est aussi immobile « que l’eau dans un puits ».
Les spectateurs s’expriment après le spectacle.
L’histoire est sombre. Un étranger trahi par sa femme arrive dans une famille qui vit en état chronique de deuil. Il agit en catalyseur, débloque la parole, les émotions, mais s’enferme lui-même dans un fantasme imaginé par la grand-mère folle, que joue Claudine Baschet. Il repart, car pour lui « le bout de la route » se trouve déjà plus loin.
Une rencontre a lieu avec les comédiens après le spectacle. Les avis se divisent : l’étranger est-il bienfaisant ou malfaisant, ou les deux ? Giono, et la mise en scène, laissent un doute. Restent les voix obsédantes : un spectateur parle de la solitude qui s’emparait de lui à les entendre susurrer. Ainsi le débat prolonge et approfondit l’événement théâtral.
L’Union

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